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QUESTION D'ACTU

Maladie contagieuse

Epidémie : pourquoi beaucoup cachent leurs symptômes ?

Trois quarts des personnes interrogées dans le cadre d’une recherche de l’université du Michigan ont reconnu qu’elles avaient ou pourraient cacher une maladie infectieuse à leur entourage.

Epidémie : pourquoi beaucoup cachent leurs symptômes ? fizkes/istock




L'ESSENTIEL
  • 75 % des participants ont déclaré qu’ils avaient caché une maladie infectieuse aux autres au moins une fois.
  • Plus de 61 % des professionnels de santé interrogés pendant l'étude ont avoué avoir dissimulé une maladie infectieuse.
  • Selon les données, les malades présentaient des niveaux élevés de dissimulation par rapport aux non-contagieux. Et cela, indépendamment de la nocivité de leur maladie pour les autres.

Depuis des années, et encore plus depuis la pandémie de la Covid-19, les médecins insistent sur l’importance de l’isolement lorsqu’on présente des symptômes d’une infection virale. Si le message est bien compris, une série d’études de l’université du Michigan, présentée dans la revue Psychological Science, montre que les gens ont des difficultés à l’appliquer.

75 % des 4.110 participants interrogés ont reconnu qu’ils avaient caché une maladie infectieuse aux personnes qui les entouraient au moins une fois, ou qu’ils pourraient le faire à l’avenir. Le taux était de 61 % parmi les professionnels de santé.

Épidémie : plus de 7 malades sur 10 sont prêts à cacher leurs symptômes

Dans une première étude lancée à partir de mars 2020 (soit au début de la pandémie de la Covid-19), les scientifiques ont interrogé 399 employés universitaires du secteur de la santé et 505 étudiants. Les participants devaient indiquer le nombre de jours pendant lesquels ils avaient ressenti des symptômes d’une maladie infectieuse. Ils ont ensuite évalué la fréquence à laquelle ils les dissimulaient activement et venaient sur le campus ou travaillaient sans dire qu'ils se sentaient malades.

Plus de 7 sondés plus 10 ont reconnu cacher leur état de santé. Certains ont confié avoir été au travail, pris l’avion ou été à des rendez-vous. La majorité des personnes interrogées ont indiqué l’avoir fait, car l'infection "entrerait en conflit avec les plans sociaux". Un petit pourcentage de participants a cité la pression des politiques institutionnelles (par exemple, le manque de congés payés). Seuls cinq volontaires ont indiqué avoir caché une infection à la Covid-19 pendant la période d’essai.

Infection virale : les malades sont plutôt insensibles au risque contagieux qu'ils représentent

Dans un deuxième volet, les chercheurs ont recruté 946 participants en ligne. Ils les ont assignés au hasard à l'un des neuf scénarios dans lesquels ils imaginaient être modérément ou gravement malades alors qu'ils se trouvaient dans une situation sociale. Dans chacun d'entre eux, le risque de propagation de l'infection a été désigné comme faible, moyen ou élevé. Pour contrôler la stigmatisation particulière associée à la Covid-19 à l'époque, l’équipe a demandé aux volontaires de ne pas imaginer être atteints par le SARS-CoV-2. Selon les analyses des réponses, ces “malades imaginaires” étaient plus enclins à cacher leur état lorsque la gravité des symptômes était faible, et moins susceptibles de le dissimuler lorsque les symptômes étaient graves et hautement transmissibles. 

Par la suite, les chercheurs ont interrogé 900 personnes, dont certaines étaient activement malades, via un questionnaire en ligne. Ils leur demandaient d'évaluer le risque contagieux de leur pathologie réelle ou imaginaire et la probabilité de la dissimuler à un collègue. Les résultats ont montré des réactions différentes entre les patients imaginaires et ceux qui étaient véritablement infectés. 

"Les personnes en bonne santé prévoyaient qu'il serait peu probable qu'elles cachent des maladies dangereuses – celles qui se propagent facilement et présentent des symptômes graves – mais les individus infectés ont signalé des niveaux élevés de dissimulation, indépendamment de la nocivité de leur maladie pour les autres", explique l’auteur principal Wilson N. Merrell dans un communiqué.

"Cela suggère que les personnes malades et celles en bonne santé évaluent les conséquences de la dissimulation de différentes manières", ajoute l’expert, "les individus infectés étant relativement insensibles à la propagation et à la gravité de leur maladie pour les autres". 

Pour les chercheurs, leurs travaux peuvent aider à améliorer la gestion des épidémies et de la santé publique. "Les gens ont tendance à réagir négativement, à trouver moins attirantes et à éviter les personnes atteintes d'une maladie infectieuse", indique l’auteur. "Il est donc logique que nous prenions des mesures pour cacher notre maladie dans des situations sociales. Cela suggère que les solutions au problème de la dissimulation des maladies pourraient nécessiter davantage que la simple bonne volonté individuelle."

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