- Une équipe du CNRS vient de faire une découverte qui pourrait révolutionner la lutte contre les cancers du sein agressifs, réfractaires aux traitements conventionnels, qui évoluent en métastases.
- Les chercheurs ont identifié une protéine, SMYD2, qui est à l’origine de la propagation des cellules cancéreuses métastatiques. En bloquant chimiquement son activité chez des souris atteintes d’un cancer mammaire, ils ont mis en évidence une corrélation entre l’inhibition de SMYD2 et l’absence totale d’apparition de métastase.
- C’est "un premier pas prometteur vers le développement d'une thérapie précoce prévenant le développement de métastases dans le cancer du sein", selon eux.
"Un premier pas prometteur." Une équipe du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) vient de faire une découverte qui pourrait révolutionner la lutte contre les cancers du sein agressifs, réfractaires aux traitements conventionnels, qui évoluent en métastases. Les chercheurs, dont leurs travaux vont paraître dans la revue Cell Discovery, ont en effet ont identifié une protéine qui est à l’origine de la propagation des cellules cancéreuses.
Moins de métastases chez les souris atteintes de cancer du sein
Particulièrement abondante dans les cancers du sein, la protéine SMYD2 "détourne à l’avantage des cellules cancéreuses l’activité d’une autre protéine, BCAR3, connue pour être en partie responsable de l’adhérence et de la capacité migratoire des cellules", explique le CNRS dans un communiqué. Ainsi, le développement des cellules métastatiques et leurs aptitudes à migrer et envahir leur environnement "requiert la présence, ou du moins la stimulation, de SMYD2". Sans cette protéine, a priori pas de métastases.
Suivant cette piste, les chercheurs ont alors inhibé chimiquement l’activité de SMYD2 chez des souris atteintes d’un cancer mammaire encore au stade primaire, et ont comparé l’évolution de la maladie avec des rongeurs non-traités. L’étude a ainsi mis en évidence "une corrélation entre l’inhibition de SMYD2, le blocage de son action sur BCAR3 et l’absence totale d’apparition de métastase". "On a vu jusqu'à dix fois moins de métastases qui se développaient dans les organes autour du cancer du sein dans ces souris", souligne Nicolas Reynoird, chercheur CNRS qui a participé aux travaux, au micro d’Europe 1.
Vers une thérapie précoce contre les métastases dans le cancer du sein
C’est "un premier pas prometteur vers le développement d'une thérapie précoce prévenant le développement de métastases dans le cancer du sein", s’est réjouie l’équipe du CNRS. Un tel traitement préventif donnerait en effet plus de temps aux soignants pour identifier et mettre en œuvre une thérapie efficace contre la tumeur primaire, ou trouver une alternative pour les tumeurs réfractaires.
Une femme sur huit développe un cancer du sein au cours de sa vie, avec un risque particulièrement accru entre 50 et 74 ans. Lorsqu’il est détecté de manière précoce, on en guérit néanmoins dans neuf cas sur dix. "De manière générale, le taux de mortalité diminue et le pronostic est bon mais il reste encore 15 à 20% des femmes qui sont en attente de solution thérapeutique car leur maladie devient métastatique", précise l'Institut Curie. A ce jour, 20 % des cancers du sein finissent par développer des métastases.