Paris tousse, la tour Eiffel a froid aux pieds et les Parisiens se grattent la gorge. Depuis quatre jours, la capitale connaît un niveau d’alerte maximum à la pollution. « Du jamais vu depuis 2007 », signale le Parisien. Quinze régions françaises connaissent, elles aussi, depuis hier ces pics de pollution.
Du soleil, pas de vent, pas d’humidité, la météo représente la goutte d’eau qui fait déborder le vase d’une pollution chronique, explique au quotidien le Dr Patrice Halimi, pédiatre et secrétaire général de l'Association Santé Environnement France (Asef).
Et ces particules fines qui nous piquent les yeux font des désastres. « 42 000 morts prématurés par an, 2 millions d’insuffisants respiratoires et six mois d’espérance de vie en moins pour les Parisiens », énumère le porte-parole de France Nature Environnement, Benoît Hartmann.
Les pouvoirs publics font aussi leurs comptes. « L'enjeu sanitaire est colossal, concède un conseiller ministériel, car la pollution nous coûte 20 à 30 Mds€ par an en décès prématurés, hospitalisations et arrêts de travail ». Pour le Dr Halimi, « un pic pollution se traduit pas 1 % d’hospitalisations en plus ».
L’addition ne s’arrête pas là. En février dernier, souligne le journaliste Frédéric Mouchon, « Paris a reçu une deuxième mise en demeure de la Commission européenne qui l'exhorte à mettre en oeuvre d'urgence des plans d'action ». La France est menacée d'une amende de 100 M€ par an pour non-respect de la qualité de l'air.
Malgré cette épée dans les reins, le gouvernement joue la montre. « Lutter contre la pollution de l'air, reconnaît ce même conseiller ministériel, c'est agréger dans de nombreux secteurs un tas de mesures toutes plus impopulaires les unes que les autres ». « Le blocage majeur concerne le diesel », avance Delphine Batho, l’ancien ministre de l’Ecologie.
En attendant l’arbitrage politique, les Parisiens et les habitants des grandes villes doivent prendre leurs précautions. « Tout le monde doit se protéger », avertit le Dr Halimi. En cas de pic, les personnes fragiles et les bébés asthmatiques devraient éviter les promenades ; les autres s’abstenir de footing ou de séances d’abdos, même à l’intérieur. « L'activité physique dilate les poumons, augmente le volume d'air ventilé et de particules respirées », rappelle le spécialiste.