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Classification

Faut-il changer la façon de nommer les cancers métastatiques ?

D’après les chercheurs du centre Gustave Roussy, il devient urgent d’arrêter de classer les cancers métastatiques en fonction de l’organe touché par la tumeur initiale.

Faut-il changer la façon de nommer les cancers métastatiques ? Christoph Burgstedt / istock




L'ESSENTIEL
  • Des chercheurs de l’Institut Gustave Roussy estiment que la classification par organes des cancers métastatiques – ceux qui se sont propagés au-delà de l’organe d’origine touché par la tumeur – n’a plus de raison d’être aujourd’hui.
  • Ce classement irait, selon eux, à l’encontre de la littérature scientifique actuelle : certains cancers doivent être plutôt définis par leur profil moléculaire et génétique.
  • Par ailleurs, cela rend plus difficile pour les patients d'obtenir les médicaments qui pourraient les aider.

Ne dira-t-on bientôt plus cancer "du sein" ou "du poumon" ? Des chercheurs du célèbre Institut Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe, situé à Villejuif (Val-de-Marne) estiment que la classification par organes des cancers métastatiques – ceux qui se sont propagés au-delà de l’organe d’origine touché par la tumeur – n’a plus de raison d’être aujourd’hui.

En finir avec la classification du cancer selon l’organe touché par la tumeur

D’une part, car cela va à l’encontre de la littérature scientifique actuelle : certains cancers doivent être plutôt définis par leur profil moléculaire et génétique. "Les mutations du gène TP53, par exemple, sont une caractéristique de la plupart des types de cancer, tels que définis par l'organe d’où le cancer est originaire, écrivent les auteurs dans la revue Nature. De plus, la plupart des types de cancer peuvent être subdivisés en différents sous-groupes moléculaires." Une approche transversale serait, d’après eux, plus adaptée pour décrire les processus biologiques à l’origine des maladies.

D’autre part, car "la classification du cancer en fonction de l'organe touché par la tumeur rend plus difficile pour les patients d'obtenir les médicaments qui pourraient les aider". Par exemple, "on sait depuis 2012 que la sensibilité à certaines immunothérapies est liée à de hauts niveaux de protéine PDL1 présents sur les cellules de la tumeur, explique Fabrice André, qui dirige la division recherche de l’Institut, dans les colonnes de Ouest France. Il a fallu plus de dix ans pour que les patientes ayant un cancer du col de l’utérus avec expression de PDL1 aient accès à cette thérapie." La cause de ce raté ? Les essais cliniques ont été menés, et donc les autorisations délivrées organe par organe : les mélanomes (cancers de la peau), suivis par des cancers du poumon, puis progressivement d’autres zones du corps.

Cancers : "300.000 patients non traités parce qu’on a raisonné par organe"

Même problème concernant les médicaments inhibiteurs de PARP, efficaces contre les tumeurs portant des mutations de gènes spécifiques (BRCA1 et 2). Si ces traitements ont été utilisés pour des tumeurs de l’ovaire, puis du sein, de la prostate et enfin du pancréas, "on sait maintenant que ces mutations se produisent dans plusieurs ‘types’ de tumeurs, et pas seulement dans ces cancers-là", écrit le chercheur dans Nature. Résultat, "on peut considérer que 300.000 patients n’ont pas eu ce traitement parce qu’on a raisonné par organe", précise-t-il à Ouest France.

D’après les chercheurs, il devient urgent de cesser de répertorier les cancers métastatiques selon l’organe de la tumeur initiale. Ce que Gustave Roussy a commencé à faire : "En plus des groupes d’experts par organes, nous avons un premier comité dit agnostique, qui prend en compte des cancers aux anomalies communes", souligne au quotidien régional le Professeur Fabrice Barlesi, son directeur général.

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