"On parle de grossesse tardive lorsqu’elle a lieu après 35 ans. Depuis 2005, ce phénomène occupe une place de plus en plus importante dans les maternités de l’Hexagone, puisqu’il concerne 20 % des grossesses sur le territoire", déclare le Pr Patrick Rozenberg, obstétricien et chef du service de la femme et de l'enfant à l'Hôpital Américain de Paris. Il estime que ce phénomène s’est accéléré, car les femmes ont désormais un mode de vie différent. "Elles travaillent et veulent d’abord avoir une stabilité professionnelle. La grossesse passe au second plan !"
Grossesses tardives : les maladies cardiovasculaires sont désormais la "première cause de mortalité maternelle"
"Lorsqu’elles décident de concevoir un bébé et tombent enceintes à un âge maternel avancé, les femmes n’ont pas toujours conscience des risques. Certaines pensent que leur grossesse va se dérouler comme celle d’une personne de 25 ans", signale le spécialiste. Pourtant, porter la vie après 35 ans met en danger la santé de la mère et du fœtus. D’après le praticien, le risque de fausse couche mais aussi de malformations et de retards de croissance chez l’enfant à naître augmente en raison des anomalies chromosomiques de plus en plus importantes lorsque la mère prend de l’âge. "Deux facteurs favorisent également la mort fœtale in utero. Il s’agit de l’obésité et l’âge du père."
Du côté de la mère, il existe un lien entre un âge avancé et le risque d’hypertension et de diabète, dits "gestationnels". "L’apparition de ces deux maladies, qui persistent après l’accouchement dans certains cas, augmente lorsqu’une obésité est présente chez les parents. Dans le cadre d’une grossesse tardive, les patientes sont aussi plus susceptibles de mourir. Auparavant, la première cause de mortalité maternelle était l’hémorragie. Désormais, il s’agit des pathologies cardiovasculaires, qui sont liées à l’hypertension, le diabète et l’obésité", explique le Pr Patrick Rozenberg.
Selon l’obstétricien, les femmes de plus de 35 ans ayant congelé leurs ovocytes et ayant recours à la procréation médicalement assistée (PMA) encourent moins de risque que celles concevant naturellement un bébé. "À 20, 25 ou 30 ans, les ovocytes présentent moins d’anomalies chromosomiques."
Césarienne, mort fœtale : déclencher plus tôt l’accouchement pour réduire les risques
"Avant de concevoir un enfant, les personnes, âgées de 35 ans et plus, devraient faire une consultation préconceptionnelle. Cette dernière permet de réaliser un bilan de santé et de les informer des risques et des complications possibles lors d’une grossesse tardive. Par exemple, si la patiente souffre d’hypertension ou d’obésité, il sera possible de stabiliser sa pression artérielle ou de mettre en place un programme de perte de poids (l’adoption d’une bonne alimentation, la pratique d’une activité physique) en amont pour améliorer l’issue de la grossesse", indique le spécialiste.
Pour réduire les risques de problèmes de cœur, le Pr Patrick Rozenberg recommande de faire un examen cardiovasculaire. "Les grossesses tardives doivent être surveillées de très près en raison des multiples risques. À partir du troisième trimestre, les rendez-vous médicaux doivent être espacés de trois semaines. Durant le dernier mois de grossesse, les femmes enceintes devraient faire au moins deux consultations." En cas de grossesse tardive, il conseille également de déclencher plus tôt l’accouchement. "Selon une étude, pour ces patientes, le fait de donner naissance à leur bébé à environ 8 mois de grossesse diminue le risque de césarienne, d’accidents hypertensifs et permet à l’enfant d’être en meilleure santé."