Selon une nouvelle étude publiée dans Human Brain Mapping, les consommateurs réguliers de cannabis pourraient avoir besoin de plus de "puissance cérébrale" pour effectuer des tâches motrices simples.
Des études antérieures ont clairement démontré que le cannabis peut altérer l'attention et la mémoire, mais son impact sur le contrôle moteur est moins clair.
Le contrôle moteur est la capacité de planifier et d'exécuter des mouvements, comme marcher, taper à la machine ou jouer d'un instrument. Il implique l'activité des cellules nerveuses du cortex moteur, une partie du cerveau qui envoie des signaux aux muscles.
Cannabis et tâches motrices : 45 personnes testées
Ces cellules nerveuses produisent des oscillations neuronales qui peuvent être mesurées par une technique d'imagerie non invasive appelée magnétoencéphalographie (MEG). Cette technique permet aux chercheurs de suivre l'activité cérébrale en temps réel et de comprendre comment les différentes zones du cerveau communiquent au cours de diverses tâches et processus cognitifs.
L'équipe de recherche, dirigée par Thomas Ward du Boys Town National Research Hospital au Nebraska, a d’abord recruté 45 participants âgés de 20 à 59 ans. Elle a ensuite utilisé la MEG pour comparer les oscillations neuronales de 18 consommateurs réguliers de cannabis et de 23 témoins non consommateurs pendant qu'ils effectuaient une tâche liée au contrôle moteur.
Pour être considérés comme des consommateurs de cannabis, les participants devaient consommer du cannabis au moins trois fois par semaine pendant au moins trois ans. Pour être considérés comme des non-consommateurs, les participants devaient ne jamais consommer du cannabis (à l'exception d'essais passés occasionnels) et éviter toute consommation de drogue au cours des trois derniers mois.
Cannabis et tâches motrices : un mécanisme compensatoire ?
Les chercheurs ont constaté après analyse que les consommateurs de cannabis présentaient des oscillations neuronales plus fortes dans le cortex moteur et dans plusieurs autres régions cérébrales liées au mouvement.
Ces oscillations neuronales étaient plus fortes pendant la phase d'exécution de la tâche, mais pas pendant la phase de planification. Cela suggère que les consommateurs de cannabis avaient besoin d'une plus grande activité neuronale pour effectuer la même tâche que les non-consommateurs.
Thomas Ward et ses collègues ont émis l'hypothèse que les oscillations plus fortes pourraient refléter un mécanisme compensatoire permettant aux consommateurs de cannabis de maintenir des performances motrices normales malgré les déficiences potentielles causées par le cannabis.
"Nos résultats démontrent que, bien que les consommateurs réguliers de cannabis soient capables d'effectuer la tâche liée au contrôle moteur au même niveau que les témoins non consommateurs, les deux groupes sont très différents sur le plan neurologique", concluent les chercheurs.
Le cannabis est de loin la substance illicite la plus consommée en France.