- Les composés actifs du ginkgo biloba peuvent améliorer la récupération cognitive des personnes ayant fait un AVC, selon une nouvelle étude.
- Le traitement doit débuter dans les 48 heures après l'AVC.
- Si des effets bénéfiques ont été observés pendant cette étude, l'American Heart Association rappelle aux patients qu'il ne faut pas prendre de ginkgo biloba, d'autres herbes ou de suppléments sans en discuter avec un professionnel de santé.
Le ginkgo, aussi appelé arbre aux quarante écus, est l'une des espèces d'arbres vivantes les plus anciennes au monde. Originaire d'Asie de l'Est, cet arbre est très utilisé en médecine traditionnelle chinoise, notamment pour améliorer la circulation sanguine, renforcer les fonctions cérébrales ou encore lutter contre les états anxieux.
Des chercheurs du Beijing Tiantan Hospital se sont penchés sur les composés de cette plante millénaire. Et, ils ont remarqué qu’ils pouvaient être très bénéfiques aux personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral ischémique (causé par un caillot). Ces patients affichent une meilleure récupération de leurs fonctions cognitives lorsque leur traitement comprend des molécules tirées du ginkgo.
Les résultats de cette étude préliminaire seront présentés à l'International Stroke Conference 2024 de l'American Stroke Association, organisée à Phoenix du 7 au 9 février 2024.
AVC ischémique : une meilleure récupération cognitive avec le ginkgo
Pour évaluer les effets du ginkgo face à un AVC ischémique, les scientifiques ont analysé la récupération cognitive de 3.163 patients traités pour un AVC ischémique (léger à modéré) dans 100 centres en Chine. La moitié d’entre eux, sélectionnés au hasard, ont reçu dans les 48 heures une injection intraveineuse de 25 mg de méglumine de lactone diterpène de ginkgo (GDLM), une combinaison des composés biologiquement actifs du ginkgo biloba. Ce traitement quotidien leur a été administré pendant deux semaines. Les autres participants avaient une piqûre quotidienne de placebo. Les performances cognitives des patients ont été évaluées avant le traitement, à 14 jours et à 90 jours.
L’analyse des résultats montre qu’après deux semaines, les survivants d'un AVC ayant été soignés avec les composés actifs de ginkgo biloba affichaient une amélioration des scores cognitifs plus importante par rapport à ceux ayant reçu le placebo avec une moyenne de 3,93 points contre 3,62 points de plus. Et les effets bénéfiques semblent persister. 90 jours plus tard, les malades qui ont reçu le traitement à base de la plante asiatique, avaient de meilleurs scores cognitifs par rapport aux autres (une moyenne de 5,51 points contre 5,04 points).
Ginkgo : ses composés actifs ont un effet neuroprotecteur
"La proportion de patients ayant atteint un niveau d'amélioration cliniquement significatif était 20 % plus élevée dans le groupe GDLM. Ce qui indique que les injections de GDLM peuvent améliorer la fonction cognitive chez les malades ayant subi un AVC ischémique aigu", précise Pr Anxin Wan, auteur de la recherche, dans un communiqué.
"Le GDLM a montré un effet neuroprotecteur grâce à de multiples mécanismes, tels que l'expansion des vaisseaux sanguins cérébraux, l'amélioration de la tolérance des cellules cérébrales à l'hypoxie (oxygène insuffisant) et l'augmentation du flux sanguin cérébral. Le GDLM possède également des propriétés neuroprotectrices antioxydantes, anti-inflammatoires et anti-apoptose (mort cellulaire)", ajoute l'expert.
Toutefois, il reconnaît que des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ses résultats ou encore évaluer les effets à long terme des injections de GDLM nécessite des recherches à plus long terme.
Si l'American Heart Association qui relaye la découverte, trouve ces premières données sur les composés actifs du ginkgo biloba intéressantes, elle lance une mise en garde par le biais de la présidente de son comité de rédaction de la déclaration scientifique, Dr Sheryl L. Chow : "Les patients victimes d'un AVC ne devraient pas prendre de ginkgo biloba ou d'autres herbes ou suppléments sans en discuter avec leur médecin et leur pharmacien. Si cette nouvelle recherche s'avère efficace dans les futurs essais cliniques, elle pourrait constituer un outil précieux pour les soins après un AVC. Cependant, l'efficacité et la sécurité devraient être démontrées pour répondre aux mêmes normes que tous les médicaments sur ordonnance et obtenir l'approbation de la Food and Drug Administration (administration américaine qui autorise la commercialisation des médicaments sur le territoire des États-Unis, NDLR)."