Plus de 60.000 nouveaux cas de cancer du sein sont détectés chaque année, selon les données de Santé Publique France. Environ 15 % d’entre eux sont des cancers du sein triple négatif, une "forme de tumeur mammaire agressive", prévient la Fondation pour la recherche médicale. Des chercheurs australiens travaillent sur une piste prometteuse pour soigner ce type de cancer. Dans la revue Oncogene, cette équipe de l’université d’Australie du Sud et de l'université d'Adélaïde explique avoir découvert un médicament "prometteur", qui pourrait conduire à la création d’un traitement.
Cancer du sein triple négatif : comment fonctionne ce médicament prometteur ?
"Il n'existe actuellement aucun traitement ciblant spécifiquement ce type de cancer du sein, la chimiothérapie et, chez certaines femmes, l'immunothérapie étant les seules options, précise Theresa Hickey, experte en cancer du sein et autrice principale de cette étude. Les résultats de cette étude montrent que ce médicament pourrait détenir la clé pour améliorer les taux de survie." Conçu pour être pris par voie orale, il cible une protéine spécifique de la tumeur cancéreuse appelée CDK9. Cette dernière est responsable de l’accélération de la croissance cellulaire. "En inhibant cette protéine, cela stoppe efficacement le cancer", soulignent les auteurs.
Lors d’un essai in vitro, réalisé grâce à des échantillons prélevés sur des patientes atteintes de cette tumeur, les scientifiques australiens ont observé que le médicament permet d’empêcher la multiplication des cellules tumorales, sans affecter les cellules normales du tissu mammaire. Aucun effet secondaire "toxique" n’a été constaté par les chercheurs. "Il est encore tôt, mais sur la base de ces premières preuves, nous pensons que l'inhibition de cette protéine pourrait conduire à un traitement contre le cancer du sein triple négatif", estime Theresa Hickey.
Un médicament initialement développé pour soigner un cancer du sang
Le médicament testé n’est pas nouveau. Il a été développé par le professeur Shudong Wang, qui travaille aussi au sein de l’Université d'Australie du Sud. Appelé CDDD11-8, il a été conçu initialement pour le traitement de la leucémie myéloïde aiguë, un cancer du sang. "Nous avons développé CDDD11-8 pour être un inhibiteur CDK9 puissant, sélectif et bioactif par voie orale pour le traitement du cancer, rappelle ce spécialiste. Nous nous réjouissons de son potentiel thérapeutique contre le cancer du sein triple négatif."
Pour l’heure, l’équipe travaille sur le développement de ce médicament pour pouvoir lancer des essais sur l’humain prochainement. Theresa Hickey espère que cet objectif sera atteint dans les cinq prochaines années. En parallèle, elle projette de réaliser d’autres études pour déterminer si ce médicament pourrait être utilisé pour soigner d’autres cancers. "Il est impératif que nous continuions à rechercher et à évaluer précliniquement des thérapies ciblées pour cette maladie agressive et à améliorer les perspectives de toutes les patientes atteintes d'un cancer du sein", conclut le professeur Hickey.