On diagnostique un nouveau cas de démence dans le monde toutes les 4 secondes et le nombre de personnes touchées devrait atteindre 135 millions en 2050. Cet enjeu de santé publique majeur a mobilisé, hier, tous les ministres de la santé et de la recherche des pays membres du G8* qui se sont réunis à Londres.
Pour les spécialistes de ces maladies du cerveau, les attentes sont à la hauteur de l’enjeu. Ils insistent sur l’importance de financer la recherche fondamentale, de favoriser la coopération internationale entre les chercheurs mais aussi sur la nécessité de favoriser le maintien à domicile des patients. Ont-ils été entendus ?
Doubler les fonds alloués à la recherche
David Cameron, Premier ministre britannique et hôte du sommet, a donné le ton en déclarant que ces dernières années, le monde s’est attaqué au « paludisme, au cancer, au VIH/sida, et nous sommes aussi résolus aujourd’hui » à lutter contre la démence. Concrètement, les membres du G8 ont pris l’engagement de doubler les fonds alloués à la recherche sur ces maladies du cerveau. « Un objectif très ambitieux dans le contexte économique actuel, souligne le Pr Philippe Amouyel, le président de la Fondation Plan Alzheimer. Les promesses seront-elles tenues ? Seule l’histoire le dira, mais la volonté politique est bien là. »
L’autre grande ambition affichée par les membres du G8, c’est de trouver un traitement d’ici 2025. Là encore, l’objectif ne sera pas facile à atteindre, estiment les spécialistes mais les ministres de la santé et de la recherche ont cherché à se donner les moyens d’y arriver. Le premier levier est la collaboration internationale entre les chercheurs. Pour la favoriser, les membres du G8 s’engagent à développer l’échange de données ou à mettre en commun des infrastructures d’imagerie par exemple.
Un ambassadeur au service de l'innovation
Mais, en attendant que la recherche porte ses fruits, le quotidien des patients et de leur famille doit aussi être amélioré. Les ministres du G8 appellent de leur vœu « une plus grande innovation au service de la qualité de vie des malades et de leur aidants, tout en réduisant le fardeau émotionnel et financier ». Pour doper l’innovation, le G8 va nommer un ambassadeur au service de la lutte contre la démence. Il aura pour mission de trouver des fonds auprès des Fondations, du public et des investisseurs privés pour créer un fonds « innovation ».
La Grande-Bretagne était favorable à la mise sur pied d’un fonds mondial consacré à la démence, sur le modèle du Fonds mondial de lutte contre le Sida, mais l’idée n’a pas été retenu pour le moment. Le modèle du Sida n’est en effet pas tout à fait reproductible. « Pour le VIH, on disposait de thérapies qui n’étaient pas accessibles au plus grand nombre, explique Philippe Amouyel. Ce n’est pas le cas des pathologies comme Alzheimer. Mais l’ambassadeur préfigure peut-être la création d’un fonds dans le futur », quand la recherche aura porté ses fruits.
*Membres du G8 : Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Canada, Japon, Russie et Etats-Unis