Bien manger, bien dormir, faire de l’exercice, boire peu d’alcool et éviter la cigarette : tel serait, sans grande surprise, le mode de vie qui aide le mieux à prévenir le risque de démence avec l’âge, à commencer par la maladie d'Alzheimer. C’est ce que révèle une nouvelle étude publiée dans la revue JAMA Neurology, confirmant ce que d’autres travaux ici et là avaient déjà montré. Mais comment une vie saine peut-elle avoir un impact aussi crucial sur le cerveau ?
Une vie saine fournit une "réserve cognitive" qui protège contre le risque de démence
Pour en avoir le cœur net, les chercheurs du Rush University Medical Center de Chicago (Etats-Unis) ont examiné les autopsies de cerveaux de 586 personnes qui en avaient fait don avant de décéder à un âge moyen de 91 ans. Après les avoir suivis sur une période de 24 ans, ils ont comparé les habitudes de vie et les capacités cognitives des participants durant les dernières années de leur existence avec les signes neurologiques classiques de démence. A savoir notamment l’accumulation de plaques de protéines amyloïdes dans le cerveau, ou les changements dans le flux sanguin cérébral qui auraient été causés par des événements de type AVC.
Comme attendu, l’équipe de recherche a constaté que les personnes qui avaient eu un mode de vie très sain étaient "beaucoup plus susceptibles de conserver leur esprit à l'approche de la fin de leur vie", peut-on lire dans un communiqué. Dans le détail, chaque augmentation d'un point du "score de mode de vie" d'une personne était ainsi associée à une augmentation de son "score cognitif global" en fin de vie. Et pour cause : une vie saine – en termes d'alimentation, de sport, de sommeil, d'excès... – peut "fournir une réserve cognitive" qui protège contre les changements négatifs qui se produisent dans le cerveau vieillissant, ce qui permet aux personnes âgées de "maintenir leurs capacités cognitives" au fil du temps.
Le mode de vie peut tromper les changements cérébraux associés à la démence
En revanche, le lien n’était pas si évident avec les changements cérébraux observés lors des autopsies : même si des plaques de protéines amyloïdes ou des altérations du flux sanguin cérébral pouvaient apparaître dans le cerveau de quelqu’un qui avait vécu sainement, les scores cognitifs de cette personne demeuraient élevés. "Le seul effet, très léger, a été observé pour l'accumulation de plaques amyloïdes dans le cerveau : les réductions de la plaque pourraient représenter 11,6 % de la relation mode de vie/cognition."
Autrement dit, cette réserve cognitive fournie par une vie saine permettrait au cerveau de mieux fonctionner en fin de vie, et ce, même en présence de changements cérébraux généralement associés à la démence. "Si vous prenez deux personnes ayant la même quantité de cette mauvaise protéine dans leur cerveau, la personne avec le mode de vie plus sain sera plus susceptible d’avoir de meilleures fonctions cognitives", résument les chercheurs. Conclusion : "Vous pouvez presque tromper un peu la biologie."