- Le SOPK est lié à un risque accru de suicide. Les femmes touchées par la maladie sont 8 fois plus susceptibles de faire une tentative que les autres.
- Les patientes de moins de 40 ans présentaient le plus de risque.
- Les auteurs estiment qu'il est nécessaire de prendre la santé mentale en compte lors du suivi des femmes diagnostiquées avec un SOPK.
Avec une femme sur 10 concernée, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la maladie hormonale la plus fréquente chez la gent féminine en âge de procréer. Ce qui rend la découverte des chercheurs du Taipei Veterans General Hospital particulièrement préoccupante.
Les patientes atteintes de ce trouble sont 8 fois plus susceptibles de faire une tentative de suicide.
Syndrome des ovaires polykystiques : un risque suicidaire accru à tous les âges
En plus d'entraîner des troubles de la fertilité et de la pilosité (hirsutisme), ainsi que des complications métaboliques comme le diabète et l’obésité, le SOPK est lié à un risque accru de suicide. Les scientifiques sont parvenus à cette conclusion après avoir étudié les dossiers de 18.960 femmes diagnostiquées avec cette maladie réunis dans la base de données nationale taïwanaise de 1997 à 2012.
Les résultats, présentés dans la revue scientifique Annals of Internal Medicine le 6 février 2024, ont révélé que ces patientes étaient confrontées à une augmentation de 8,47 fois du risque de tentative de suicide par rapport au groupe témoin.
Cet accroissement était observé parmi toutes les classes d’âge. Et cela, même, après ajustement en fonction des données démographiques, des comorbidités psychiatriques, des conditions physiques et des visites cliniques toutes causes confondues. Le risque était 5,38 fois plus élevé chez les adolescentes ayant un syndrome des ovaires polykystiques et 3,75 fois plus important parmi les personnes âgées touchées du même mal. Les jeunes femmes (moins de 40 ans) affichaient l’augmentation de risque la plus marquée (9,15 fois plus élevé).
SOPK et suicide : prendre en compte le risque pour une meilleure prévention
Les auteurs de l’étude avancent que les inquiétudes concernant l’impact du syndrome des ovaires polykystiques, notamment l’infertilité potentielle et/ou l’image corporelle, pourraient être des facteurs de la hausse du risque suicidaire observé.
"Les problèmes d'image corporelle, y compris l'obésité et l'acné perçus, ont été associés au risque de suicide à l'adolescence, et ces problèmes sont fréquents chez les adolescents atteints du SOPK", écrivent-ils. Ils ajoutent que les jeunes femmes qui présentaient la hausse la plus élevée, sont par ailleurs susceptibles d’être confrontées à des défis supplémentaires comme des difficultés financières ou problèmes relationnels.
Les chercheurs concluent qu’il est ainsi essentiel que les professionnels et institutions de santé mettent en place une surveillance systématique de la santé mentale et du risque suicidaire pour les patientes diagnostiquées avec un SOPK.
Interrogé par Medscape, le Dr Mu-Hong Chen, co-auteur de l’étude, explique : "Si nous pouvons connaître ces conditions plus tôt dans notre pratique clinique, nous pourrions réduire le risque subséquent et les conséquences néfastes."