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Démence

Alzheimer : le Viagra réduirait les risques 

Par Joséphine Argence

Des chercheurs britanniques ont déterminé un lien entre les traitements contre la dysfonction érectile et une diminution des risques de la maladie d’Alzheimer.

nito100/IStock
La maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative, qui endommage la mémoire et certaines fonctions cognitives.
Les hommes suivant un traitement contre les troubles de l’érection seraient moins à risque de développer la maladie d’Alzheimer, selon une récente étude. 

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces premiers résultats.

En France, environ 900.000 personnes seraient touchées par la maladie d’Alzheimer. Cette maladie neurodégénérative affecte principalement la mémoire ainsi que les fonctions cognitives liées au langage, au raisonnement et à l’apprentissage. D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), une bonne hygiène de vie permettrait de prévenir la maladie d’Alzheimer. Une récente étude britannique a aussi suggéré que les médicaments contre les troubles érectiles, comme le Viagra, pourraient réduire les risques de développer cette pathologie.

Les traitements contre les troubles érectiles pourraient prévenir la maladie d’Alzheimer

Pour les besoins de cette recherche publiée dans la revue Neurology, les chercheurs de l'University College London (Royaume-Uni) ont recruté 269.725 participants de sexe masculin, âgés en moyenne de 59 ans, souffrant d’une dysfonction érectile. Le suivi a duré cinq ans. Au départ, les volontaires n’avaient pas de problèmes de mémoire ou de réflexion. Environ 55 % d'entre eux avaient des ordonnances pour des médicaments contre les troubles érectiles. Les 45 % restants ne suivaient aucun traitement.

Durant les travaux, près de 1.119 personnes ont développé la maladie d’Alzheimer. Dans le groupe recevant un traitement contre les troubles de la fonction érectile, 749 ont été touchés par la démence, ce qui correspond à un taux de 8,1 cas pour 10.000 personnes-années, une unité de mesure représentant à la fois le nombre de personnes participant à l'étude et le temps que chaque personne passe dans l’étude. Parmi les personnes qui n'ont pas pris de médicaments, 370 ont développé la pathologie neurodégénérative, soit un taux de 9,7 cas pour 10.000 personnes-années.

Médicaments contre la dysfonction érectile : "ces résultats sont encourageants et justifient la poursuite des recherches"

Les scientifiques ont aussi évalué les facteurs de risque qui peuvent influer sur la maladie d’Alzheimer (âge, tabagisme, consommation d’alcool). Après les avoir pris en compte, ils ont observé que les hommes recevant des médicaments contre la dysfonction érectile avaient 18 % de risques en moins de développer la maladie d'Alzheimer par rapport au groupe qui n’en prenait pas. Néanmoins, il s’agit uniquement d’une étude observationnelle, qui s’est appuyée sur les dossiers de prescription des patients. Les responsables de la recherche ne disposaient pas d'informations permettant de savoir si les participants avaient effectivement utilisé les médicaments.

Des travaux supplémentaires sont donc nécessaires pour confirmer ces premières conclusions. "Ces résultats sont encourageants et justifient la poursuite des recherches (…) Un essai randomisé et contrôlé avec des participants masculins et féminins est aussi indispensable pour déterminer s'ils s'appliquent également aux femmes", a souligné la Docteure Ruth Brauer, auteure de l’étude et chercheuse à l'École de pharmacie de l'University College London.