"Schizophrénie". Ce mot est actuellement employé pour évoquer une maladie psychiatrique chronique complexe. D’après l’Inserm et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), cette pathologie, qui touche environ 24 millions de personnes dans le monde, se traduit par une perception perturbée de la réalité, des manifestations productives, comme des idées délirantes ou des hallucinations, et des manifestations passives, comme un isolement social et relationnel. Elle entraîne un handicap considérable et peut avoir des répercussions sur différents aspects de la vie, y compris le fonctionnement personnel, familial, social, éducatif et professionnel.
Les stéréotypes et les idées fausses liés au mot "schizophrénie" font souffrir les patients
Récemment, un collectif de médecins et de patients a remis en question ce terme et a proposé de trouver un autre nom pour aider à changer la façon dont la population générale perçoit la schizophrénie. Dans une tribune publiée dans Le Monde, le 6 février, les professionnels de santé et les associations ont rappelé que le mot "schizophrénie" a été introduit pour la première fois par le psychiatre suisse Eugen Bleuler en 1911. Il vient du grec "schizo", qui signifie "fendre" et "phren", qui fait référence à l’esprit".
Problème : alors que les violations des droits humains des schizophrènes sont déjà courantes, les représentations sociales négatives et les conséquences de stigmatisation associées à ce terme sont susceptibles de faire souffrir davantage les patients que le trouble en lui-même. "Les stéréotypes et idées fausses qui circulent sur la schizophrénie sont encore trop souvent relayés par les médias, qui associent schizophrénie et dédoublement de personnalité ou duplicité, schizophrénie et violence/criminalité, ou schizophrénie et extrême dangerosité. La société s’est donc construit une représentation sociale des personnes atteintes de ces troubles particulièrement péjorative, éloignée de la réalité et de leur vécu."
"Supprimer les troubles schizophréniques des classifications des troubles psychiques"
Autre point souligné par les praticiens et les associations : le terme "schizophrénie" "n’est pas scientifique". C’est ce qu’ont signalé les membres de l’International Society for Psychological and Social Approaches to Psychosise en mars 2012. Ainsi, face à ces raisons, le collectif exige la disparition de ce mot. "La psychiatrie française doit prendre la responsabilité d’une évolution de ses pratiques de soins et supprimer les troubles schizophréniques des classifications des troubles psychiques."