L’insuffisance cardiaque (IC) est une maladie due à l’incapacité progressive du muscle cardiaque à assurer son rôle de pompe pour propulser du sang dans tout l’organisme, en particulier lors de l'effort. Elle touche 1,5 million de personnes en France et, avec un taux de survie à cinq ans d’environ 50 %, elle tue un patient toutes les 7 minutes.
En quête de nouveaux traitements, des chercheurs du Baylor College of Medicine, aux Etats-Unis, viennent de publier, dans la revue Circulation, les résultats prometteurs d’une nouvelle approche thérapeutique, expérimentée avec succès sur des rongeurs.
Corriger les changements métaboliques dans les cellules associés à l’insuffisance cardiaque
"Les médicaments actuels ne traitent pas directement les cellules endommagées par l’IC. Notre but était justement de corriger les changements métaboliques dans les cellules cardiaques malades qui jouent un rôle dans l'échec de l'organe", explique Dr Lilei Zhang, professeur agrégé de génétique, dans un communiqué. En effet, l’une des caractéristiques de l’IC est que les cellules cardiaques malades expriment un ensemble de gènes différent de ceux exprimés par les cellules saines. "Ces changements dans l’expression des gènes modifient le métabolisme des combustibles cardiaques [glucose, acides gras...] et la fonction des mitochondries [qui génèrent l’énergie dont les cellules ont besoin pour fonctionner]", précise le généticien.
L'objectif des chercheurs était de modifier l'expression génique dans le cœur malade afin qu'il devienne plus sain. Pour ce faire, ils ont ciblé les récepteurs des œstrogènes (ER) dans les cellules cardiaques de souris. Des travaux antérieurs ont en effet montré que ces ER étaient impliqués dans la régulation du combustible cellulaire et la fonction mitochondriale, et donc importants pour le métabolisme cardiaque. "En stimulant l’activité des ER, on pourrait potentiellement améliorer le métabolisme du cœur et, par conséquent, arrêter ou inverser la progression de l’IC" : telle était l’hypothèse de départ des scientifiques.
Insuffisance cardiaque : le cœur des rongeurs résiste grâce aux nouveaux traitements
L’équipe a donc testé deux médicaments qui interagissent avec les ER chez des souris atteintes d’hypertension artérielle chronique, un symptôme qui mène à l’insuffisance cardiaque chez les humains. Et les résultats lui ont donné raison : le cœur des rongeurs traités, bien qu’il se soit élargi du fait d’une pression sanguine accrue, n’a pas lâché, contrairement à celui des cobayes non traités. "Les médicaments ont stimulé le métabolisme pour correspondre à l'hypertrophie [du muscle cardiaque], fournissant suffisamment d'énergie au cœur pour maintenir l’effort supplémentaire et ne pas lâcher", résume le professeur Zhang.
"Nos résultats montrent qu'un cœur hypertrophique n'est pas nécessairement engagé dans l'échec. Si nous améliorons les fonctions métaboliques, nous réduisons le risque de défaillance", conclut le chercheur, qui prévoit de poursuivre les essais cliniques ciblant les ER pour prolonger la survie des malades d’insuffisance cardiaque, en particulier ceux atteints d'hypertrophie cardiaque.