La consommation de certains additifs alimentaires émulsifiants serait associée à un risque accru de cancers, selon une nouvelle étude publiée dans PLoS Medicine.
Ce sont des chercheurs et chercheuses français de l'Inserm, de l’INRAE, de l'Université Sorbonne Paris Nord, de l’Université Paris Cité et du Cnam qui ont entrepris d'étudier cette potentielle association.
Cancers et additifs alimentaires émulsifiants : pourquoi une telle recherche ?
En Europe et en Amérique du Nord, 30 à 60 % de l’apport énergétique alimentaire des adultes provient d’aliments ultra-transformés. "De plus en plus d’études épidémiologiques suggèrent un lien entre une consommation élevée d’aliments ultra-transformés et un risque accru d’obésité, de maladies cardiométaboliques et de certains cancers", rappellent d’abord les scientifiques.
Les émulsifiants figurent parmi les additifs les plus couramment utilisés dans ces denrées afin d’améliorer leur apparence, leur goût, leur texture et leur durée de conservation. Ils sont souvent ajoutés dans les pâtisseries, les gâteaux, les desserts, les glaces, les barres chocolatées, les pains, les margarines et les plats préparés.
Additifs alimentaires émulsifiants : +46 % de risque de cancer de la prostate
Les résultats évoqués en début d’article sont fondés sur l’analyse des données de 92.000 adultes français (âge moyen 45 ans ; 79 % de femmes) qui ont participé à l’étude NutriNet-Santé entre 2009 et 2021.
Après un suivi moyen de 7 ans, les chercheurs ont constaté que des apports plus élevés en monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471) étaient associés à des risques accrus de cancers au global (soit une augmentation de 15 % du risque chez les plus forts consommateurs par rapport aux plus faibles consommateurs), de cancers du sein (une augmentation de 24 % du risque) et de cancers de la prostate (une augmentation de 46 % du risque). D’autre part, les femmes ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E407 et E407a) avaient 32 % de plus de risque de développer des cancers du sein par rapport au groupe ayant des apports plus faibles.
Les auteurs de l’étude indiquent à la fin de leur rapport que leurs travaux ont certaines limites. "Par exemple, la proportion élevée de femmes au sein de la cohorte et leur haut niveau d’éducation peuvent limiter la généralisation des résultats", écrivent-ils.
"Ces résultats apportent néanmoins de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire afin de mieux protéger les consommateurs", concluent Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, et Bernard Srour, professeur junior à l'INRAE.
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