Un gel conçu à partir de pâte de bois capable de soigner les tissus cardiaques endommagés. Voilà ce que Dr Elisabeth Prince, chercheuse en génie chimique à l’université de Waterloo, est parvenue à mettre au point avec l'aide des scientifiques de l'université Duke et de Toronto. Ce produit a été présenté en détail dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences en décembre 2023.
Un gel qui répare les cœurs abîmés
Cet "hydrogel" a été fabriqué à partir de nanocristaux de cellulose, dérivés de la pâte de bois. Il a été pensé pour reproduire les nanostructures fibreuses et les propriétés des tissus humains. Son architecture à base de nanofibres peut, par exemple, permettre le transport des nutriments et des déchets, grâce à la présence de "pores".
Dans la recherche du Dr Elisabeth Prince, le produit est utilisé comme échafaudage pour favoriser la repousse et la guérison des tissus cardiaques endommagés. "Nous nous appuyons sur les travaux que j'ai commencés pendant mon doctorat pour concevoir des hydrogels mimétiques de tissus humains qui peuvent être injectés dans le corps humain pour administrer des traitements thérapeutiques et réparer les dommages causés au cœur lorsqu'un patient subit une crise cardiaque", explique l'experte dans un communiqué de son établissement, publié le 12 février 2024.
Soigner les cœurs abîmés n’est pas le seul objectif de la scientifique. Elle compte aussi utiliser cet hydrogel dans la recherche de traitements contre le cancer.
L’hydrogel pourrait aussi améliorer le traitement contre le cancer
"Le cancer est une maladie diversifiée et deux patients atteints du même type de cancer répondront souvent au même traitement de manière très différente", explique la Dr Prince. Son idée est d’utiliser l’hydrogel qu’elle a conçu, pour créer des répliques de tumeurs à petite échelle dérivées de tissus tumoraux donnés. Ces structures cellulaires créées in-vitro, appelées organoïdes, pourraient être utilisées pour tester l’efficacité d’un traitement avant de l’administrer aux patients atteints d'un cancer. Cela pourrait aider à mettre en place des thérapies anticancéreuses personnalisées.
"Les organoïdes tumoraux sont essentiellement une version miniaturisée de la tumeur d'un patient individuel qui peut être utilisée pour tester des médicaments, ce qui pourrait permettre aux chercheurs de développer des thérapies personnalisées pour un patient spécifique”, confirme la chercheuse.
La prochaine étape de ses travaux prévoit d’utiliser des nanoparticules conductrices pour fabriquer des gels nanofibreux électriquement conducteurs qui pourraient être utilisés pour guérir le cœur, mais aussi les tissus musculaires squelettiques.
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