- Voir une expression de dégoût chez quelqu'un qui mange un brocoli, réduit l'appréciation des observateurs pour le légume.
- Cette étude montre le pouvoir de l'observation de l'aversion pour la nourriture.
- Pour les chercheurs, leur découverte est transposable aux enfants.
Vous n’êtes pas fan des légumes, mais vous avez bien conscience que vos enfants doivent en manger pour bien grandir. Évitez alors de manger votre assiette en faisant la grimace devant eux. Une étude de l’université Aston (Royaume-Uni) a démontré que l'observation des expressions faciales des personnes consommant du brocoli cru peut influencer l'appréciation que l’on a de ce légume.
Légumes verts : les expressions faciales négatives diminuent le désir de manger
Pour cette recherche publiée dans la revue Frontiers in Psychology en janvier 2024, les scientifiques ont demandé à 205 femmes de regarder une vidéo contenant des extraits de différents adultes inconnus consommant du brocoli cru. Ces derniers affichaient soit des expressions faciales positives (souriants), soit neutres, soit négatives (semblable à du dégoût). Les participantes devaient ensuite indiquer leur appréciation et leur désir de manger du brocoli, du concombre et six autres aliments. Leur humeur, leur faim ainsi que leurs habitudes alimentaires étaient également évaluées.
L’analyse des données a montré que l'exposition à des modèles mangeant du brocoli avec une expression de dégoût sur le visage, a entraîné une réduction plus importante des notes d'appréciation. En revanche, regarder quelqu'un aimer le plat qu’il mangeait, n'a pas augmenté la note du légume, ni le désir de le manger.
"Nous montrons que regarder les autres manger un légume cru avec une expression faciale négative réduit l'appréciation des femmes adultes pour ce légume, mais pas leur désir de le manger. Cela met en évidence le pouvoir de l’observation de l’aversion pour la nourriture sur le comportement alimentaire des adultes", note le Dr Katie Edwards qui a dirigé la recherche.
"Les humains apprennent quels comportements sont payants et lesquels ne le sont pas en observant les autres et en tirent des conclusions sur la façon d'agir ou de manger. Dans ce dernier cas, les gens peuvent s’utiliser les uns les autres comme guides pour déterminer quoi manger et en quelle quantité. C’est ce qu’on appelle la modélisation sociale et c’est l’une des influences sociales les plus puissantes sur le comportement alimentaire", précise le communiqué.
Dégoût et légumes : des résultats transposables aux enfants
Si cette expérience s’est concentrée sur les adultes, les chercheurs estiment que leurs résultats concernant l'influence des expressions faciales négatives sur l'appréciation des légumes, pourraient s'appliquer aussi aux enfants. D’autant plus que "ceux-ci ont tendance à être moins disposés à les essayer par défaut".
"Si un enfant voit son parent montrer du dégoût en mangeant des légumes, cela pourrait avoir des conséquences négatives sur son acceptation des légumes", assure la chercheuse.
Par ailleurs, elle rappelle que des travaux qu’elle avait menés en 2021, avaient montré que les expressions faciales positives augmentent la consommation de légumes verts des enfants. En effet, les petits ayant vu des adultes manger des brocolis avec le sourire, en avaient consommé en moyenne deux fois plus que ceux du groupe témoin (non exposé aux expressions positives), plus précisément 11 g contre 5 g.