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Vieillissement

Privilégier la lumière naturelle prévient les problèmes de sommeil liés à l’âge

Par Mathilde Debry

S'exposer à la lumière naturelle peut atténuer les problèmes de sommeil liés à l’âge. 

fizkes / istock.
Un adulte français sur trois est concerné par un trouble du sommeil.
La prévalence de ces troubles du sommeil augmente avec le vieillissement.
Pour lutter contre les troubles du sommeil liés à l’âge, des chercheurs conseillent de s’exposer le plus possible à la lumière naturelle du jour.

Privilégier la lumière naturelle aide à prévenir les troubles du sommeil liés à l’âge, selon une nouvelle étude française publiée dans Journal of Pineal Research. Pour parvenir à cette conclusion, une équipe du Centre de recherche en neurosciences à Lyon a observé chez un groupe d’adultes les effets de la lumière sur la sécrétion de mélatonine*.

Les participants ont été divisés en deux ensembles distincts : un groupe à la moyenne d’âge de 25 ans et un autre à la moyenne d’âge de 59 ans. Tous les participants ont été exposés à 9 lumières de différentes couleurs au milieu de la nuit, au moment où l’organisme libère normalement le plus de mélatonine.

Troubles du sommeil : la perception de la lumière évolue avec l’âge

Les résultats indiquent que, parmi les teintes testées, la lumière bleue était très efficace pour supprimer la production de la mélatonine chez les personnes les plus jeunes. "Plus spécifiquement, les scientifiques ont observé que chez les jeunes sujets exposés à la lumière bleue, la mélanopsine était le seul photorécepteur moteur de la suppression de la mélatonine", précisent les scientifiques. À l’inverse, chez les participants plus âgés, d’autres photorécepteurs que la mélanopsine étaient impliqués, ces derniers permettant la perception du monde en couleur.

"Ces données suggèrent que le vieillissement s’accompagne d’une diminution de l’implication de la mélanopsine dans la perception visuelle, mais que la rétine parvient à compenser cette perte par une augmentation de la sensibilité d’autres photorécepteurs qui n’étaient jusqu’alors pas connus pour être impliqués dans la suppression de la mélatonine", analysent les chercheurs.

Ces observations permettent aux scientifiques de conclure que la perception de la lumière et les besoins en la matière évoluent avec l’âge."En effet, tandis que les personnes les plus jeunes, dont seul le récepteur mélanopsine est impliqué, peuvent se contenter d’une exposition à la lumière bleue pour synchroniser leur horloge circadienne sur une journée de 24 heures, les personnes plus âgées ont besoin d’être exposées à une lumière plus riche en couleurs dont les caractéristiques sont celles du soleil", écrivent-ils dans leur compte rendu.

Troubles du sommeil et lumière naturelle : "un intérêt clinique"

"Ces résultats présentent par ailleurs un intérêt clinique, encourageant les personnes plus âgées à s’exposer davantage à la lumière du jour plutôt qu’à la lumière artificielle, afin d’éviter de développer des troubles du sommeil et d’autres altérations telles que des troubles de l’humeur ou du métabolisme", affirme Claude Gronfier, chercheur à l’Inserm et auteur de l’étude. "Enfin, ils offrent de nouvelles perspectives pour personnaliser de façon optimale les photothérapies/luminothérapies destinées au soin des personnes plus âgées", conclut-il.

En lien avec ce dernier aspect, son équipe de recherche s’intéresse désormais à la quantité et à la qualité de lumière nécessaires à chaque individu pour éviter qu’il ou elle ne développe des troubles du sommeil.

En France, un adulte sur trois est concerné par des troubles du sommeil. Ce phénomène augmente avec l’âge : près d’un tiers des personnes de plus de 65 ans consomme régulièrement des somnifères.

*La production de la mélatonine, aussi connue sous le nom "d’hormone de la nuit", augmente peu avant le coucher pour contribuer à l’endormissement et chute avant l’éveil.