L’ocytocine, surnommée l’hormone de l’amour, n’aiderait pas uniquement à créer un lien fort entre la mère et son bébé ou encore entre deux amants, elle boosterait aussi la mémoire. Une étude de la Tokyo University of Science, publiée le 16 novembre 2023 dans la revue PLOS One, assure que des neurones spécifiques à l'ocytocine modulent la mémoire de la reconnaissance des objets.
Ocytocine : l'hormone booste la mémoire des objets
Comme le note le professeur Akiyoshi Saitoh qui codirige la recherche, de précédents travaux avaient suggéré que l'ocytocine – qui joue un rôle dans certains processus cognitifs – pouvait être un candidat thérapeutique potentiel contre la démence. "Pour approfondir cela, dans cette étude, nous avons examiné le rôle de l’ocytocine endogène dans la fonction cognitive de la souris. Cela a été réalisé en utilisant des techniques pharmacogénétiques pour activer spécifiquement les neurones ocytocine dans des régions spécifiques du cerveau. La fonction cognitive des souris a ensuite été évaluée à l’aide de la Novel Object Recognition Task (NORT)", explique l’expert.
Pour identifier les neurones responsables de l'effet de l’ocytocine sur la mémoire, les chercheurs se sont concentrés sur ceux situés dans le noyau paraventriculaire (PVN) de l'hypothalamus. Les analyses des essais, réalisés avec des souris, ont montré que les rongeurs dont les neurones spécifiques à l'ocytocine situés au sein du noyau supra mammillaire (SuM) avaient été activés, affichaient de meilleures capacités de mémorisation concernant les objets.
"Cette étude révèle pour la première fois l’implication de l’ocytocine dans la mémoire de reconnaissance d’objets via le noyau supra mammillaire", écrivent les auteurs dans leur communiqué.
Alzheimer : l’ocytocine pourrait être une piste thérapeutique
Cette découverte sur l’implication des neurones spécifiques à l'ocytocine situés dans le noyau supra mammillaire permet de mieux comprendre le rôle de l’hormone de l’amour dans certaines démences comme la maladie d’Alzheimer.
"Il existe une croyance largement reconnue selon laquelle la démence a tendance à progresser plus rapidement dans les contextes où les individus éprouvent de la solitude ou un engagement social limité. Cependant, les fondements scientifiques de ce phénomène sont restés largement insaisissables. Notre recherche cherche à élucider le rôle crucial d'un environnement stimulant qui active l'ocytocine dans le cerveau, atténuant potentiellement la progression de la démence", explique le professeur Saitoh.
Poursuivre les recherches dans cette direction pourrait ouvrir la voie à des "traitements innovants et à des interventions pharmaceutiques visant à stopper la progression de la démence", selon les chercheurs.