"Nous savons que le tabagisme peut être une cause de dysfonctionnement de l'odorat et de changements du goût, mais les mécanismes du tabagisme ne s'appliquent peut-être pas nécessairement au vapotage..." C’est pour en avoir le cœur net que des chercheurs de l’Université d’Otago en Nouvelle-Zélande, en collaboration avec le National Institute for Health Innovation, ont mené des travaux pour évaluer les effets potentiels de la cigarette électronique sur certaines de nos fonctions sensorielles.
Les odeurs sucrées sont jugées "plus agréables" par les non-vapoteurs
"Les changements dans l'odorat et le goût sont souvent liés aux changements de régime alimentaire, explique Dr. Jessica McCormack, autrice principale de l’étude, dans un communiqué. Il est donc important que nous comprenions les effets du vapotage à long terme, en particulier chez ceux qui n’ont jamais fumé ou ne fument plus."
Dans le cadre de leurs travaux, publiés dans la revue Appetite, l’équipe de scientifiques s’est appuyée sur les données de 213 jeunes adultes qui fument la cigarette électronique régulièrement, occasionnellement, ou qui n'y ont jamais touché. Les participants ont été invités à goûter et sentir différentes saveurs et odeurs diffusées dans des solutions simples, puis à évaluer l’intensité des échantillons et le plaisir des sens que cela leur procurait. Ensuite, avec un simple test de détection sensorielle, ils devaient distinguer un échantillon d’eau nature et le goût/l’odeur en question à une très faible concentration.
Résultat, il est apparu que les non-vapoteurs trouvent les odeurs douces et sucrées "plus agréables" que les vapoteurs, "surexposés" aux saveurs sucrées qui restent les plus populaires (il n’y avait en revanche pas de différence pour les odeurs et goûts "salés"). Autrement dit, les utilisateurs d’e-cigarette auraient un odorat moins sensible que les non-utilisateurs – du moins pour les arômes sucrés.
Cigarettes électroniques : "la nicotine améliore le renforcement des stimuli"
Une des raisons possibles, selon l’étude, est que "la nicotine [contenue dans les vapoteuses] améliore le renforcement des stimuli, de sorte qu'en l'absence de nicotine, les odeurs sucrées peuvent sembler moins agréables". "Est-ce lié à l’utilisation d’arômes ou de nicotine, ou d’une combinaison des deux ?", interrogent les chercheurs, qui prévoient de réaliser d’autres études cliniques pour trancher la question.
Ce n’est pas la première étude à suggérer la nocivité de la cigarette électronique sur certains de nos sens. Récemment, Santé Publique France alertait sur le symptôme inquiétant de la "langue du vapoteur", qui se caractérise notamment par une perte de goût. Quelques mois auparavant, c’est une étude canadienne qui affirmait, preuve à l’appui, que le vapotage augmentait les risques de troubles oculaires (douleurs, démangeaisons, sécheresse, vision floue, maux de tête, etc.). Odorat, goût, vue... Cela commence à faire beaucoup !