- Une nouvelle étude montre pour la première fois que la vaccination permet de diminuer de moitié la mortalité chez les personnes infectées par Ebola.
- Le vaccin rVSVΔG-ZEBOV-GP réduit de moitié la risque de décès.
- Aucun effet antagoniste entre la vaccination et les traitements contre Ebola n'a été observé lors de cette recherche.
La maladie à virus Ebola (autrefois appelée aussi fièvre hémorragique à virus Ebola) est une maladie rare, mais particulièrement dangereuse pour l’Homme. Selon les chiffres de l’Institut Pasteur, son taux de létalité se situe entre 30 et 90 % en fonction des épidémies et de l'espèce virale en cause. Les chercheurs ont travaillé des années sur le développement d’un vaccin.
Le vaccin mono-dose rVSVΔG-ZEBOV-GP s’est révélé particulièrement efficace lors de la 10ᵉ épidémie d'Ebola en République Démocratique du Congo (RDC), selon une étude observationnelle menée par Epicentre, branche de Médecins Sans Frontières (MSF) : au-delà de la réduction du risque d’infection au virus Ebola, la vaccination permet de diminuer de moitié la mortalité des malades.
Vaccin contre Ebola : deux fois moins de risque de mourir
Les chercheurs ont analysé les données recueillies dans un centre de traitement Ebola lors de la circulation du virus en RDC entre le 27 juillet 2018 et le 27 avril 2020. Sur les 2.279 patients infectés pris en charge, le risque de décès s’élevait à 56 % pour les malades non vaccinés et chutait à 25 % chez ceux qui avaient reçu le vaccin. Les patients vaccinés ont ainsi de fois moins de risque de mourir de la maladie. "Cette réduction de mortalité s'appliquait à tous les patients, quels que soient leur âge et leur genre", ajoute le communiqué.
De plus, les résultats, présentés dans la revue The Lancet Infectious Diseases, ont montré que le vaccin protège contre le risque de décès, même lorsque les personnes ont reçu la dose "tardivement". C’est-à-dire après avoir été exposées à la maladie à virus Ebola. Les chercheurs n'ont par ailleurs enregistré aucun effet antagoniste entre la vaccination et les traitements contre la maladie.
"La vaccination après l'exposition à une personne infectée par Ebola, même lorsqu'elle est administrée peu de temps avant l'apparition des symptômes, confère toujours une protection significative contre le décès", explique Rebecca Coulborn, épidémiologiste à Epicentre. "La diminution de ce risque s'ajoute à celle due au traitement spécifique d’Ebola, et ce, indépendamment du délai avant le traitement."
Ebola : un vaccin recommandé pour les personnes à haut risque
Le vaccin rVSVΔG-ZEBOV-GP est administré en une seule dose. En 2019, ce dernier a obtenu une préqualification de l'OMS pour être utilisé face à la souche Zaïre Ebolavirus, qui est associée à une mortalité élevée.
L’injection est recommandée aux personnes à haut risque d'exposition pendant les épidémies. C'est-à-dire les cas contacts d’une personne infectée par le virus Ebola, les contacts de ces contacts et le personnel de santé et ou de première ligne.
"Outre le bénéfice direct, nos résultats nous permettent d'envisager de combiner la vaccination et le traitement des patients qui ont été en contact direct avec une personne pour laquelle le diagnostic d’Ebola a été confirmé, afin de réduire le risque de maladie et de décès", conclut Etienne Gignoux, directeur du département d'épidémiologie et de formation d'Epicentre.
Un autre vaccin contre Ebola, baptisé Ad26.ZEBOV/MVA-BN-Filo, a obtenu aussi le feu vert de l'OMS, il y a 4 ans.