L’un des réflexes, lors de l’apparition de la Covid-19, a été de se tourner vers les produits ménagers désinfectants pour nettoyer les surfaces des logements, des bureaux et des espaces publics. Si ces solutions éliminent bien les germes, elles ne laissent pas les objets totalement “nus”. Des chercheurs des universités du Michigan et du Colorado ont indiqué qu'elles laissent une fine pellicule sur la surface, contenant une gamme plus large de composés organiques volatils qu’on ne le pensait auparavant.
Leur rapport a été publié dans ACS ES&T Air, le 25 janvier 2024.
Produits de nettoyage commerciaux : plus de composés que prévu
L'existence de composés organiques volatils, provenant entre autres de la cuisson ou du nettoyage, susceptibles d’impacter la qualité de l’air intérieur est connue depuis des années. La chercheuse Rachel O'Brien et ses collègues ont voulu identifier la nature exacte du film des résidus laissés par les produits désinfectants vendus dans le commerce.
À l’aide d’un extracteur de solvant pour surfaces intérieures, l’équipe a collecté les “films” laissés par les désinfectants sur les surfaces nettoyées dans un laboratoire contrôlé et sur des surfaces régulièrement lavées dans des bâtiments universitaires. Avec cette méthode, les chercheurs ont ainsi relevé un large éventail de composés chimiques, y compris des substances qui s’évaporent à peine. Les échantillons recueillis ont été analysés par spectrométrie de masse.
Les résultats révèlent que les produits de nettoyage commerciaux étaient différents sur les surfaces modèles du laboratoire et sur celles des bâtiments universitaires. De plus, ils étaient plus complexes qu'on ne le pensait auparavant. Si la composition des films laissés à la surface était différente, tous les échantillons contenaient des composés organiques semi-volatils pouvant se propager dans l'air et avoir un impact sur la qualité de l'air intérieur. La gamme d'éléments chimiques recueillis était plus importante que prévu par l’équipe au début de l’étude.
Les scientifiques ajoutent dans un communiqué que leurs travaux ont confirmé : "la présence de tensioactifs moins volatils, les principaux composants des savons, dans les résidus supposés provenir des solutions de nettoyage. Cependant, les effets des tensioactifs sur les films de surface n'ont pas encore été définis".
Produits ménagers : il faut étudier leur impact sur la pollution de l’air
À la suite de ces découvertes, les chercheurs estiment que davantage de composés pourraient se déposer sur les surfaces nettoyées que ce qui avait été identifié précédemment. Pour eux, une gamme plus large de produits chimiques devrait être considérée pour contribuer à la formation de films de surface intérieure. Il serait nécessaire ainsi de mener de nouvelles études sur les désinfectants commerciaux, notamment sur la qualité de l'air intérieur.
"Et étant donné l'ampleur et la régularité du nettoyage effectué dans les espaces publics et dans les habitations, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les effets des composés moins volatils sur la croissance et le comportement des films", alertent-ils dans un communiqué.