- Le taux de refus de greffe, qui a atteint le "record" historique de 36 % en France, inquiète l'association de patients Renaloo.
- "Il explose en particulier dans les zones urbaines denses, où existent de grandes inégalités sociales et une pauvreté importante", déplorent les militants.
- Par ailleurs, "l’activité de greffes de donneurs vivants est fragilisée, car elle repose sur l’engagement d’un faible nombre d’équipes" peut-on lire dans leur communiqué de presse.
A la suite de la présentation par l'Agence de la biomédecine des résultats 2023 du prélèvement et de la greffe en France, l’association de patients Renaloo réagit.
"Renaloo a activement participé à l’élaboration du quatrième Plan greffe lancé en mars 2021. Deux ans après, où en sommes-nous ?", commencent les membres de l’organisation non lucrative dans un communiqué de presse.
Même si le nombre de greffes rénales réalisées en 2023 (3.525) est en progression de près de 4,4 % par rapport à 2022, il reste inférieur de 7 % (soit plus de 250 greffes non réalisées) à celui de 2017 (3.782, plus haut historique).
"En France, la greffe d’organes ne peut être réalisée que dans les CHU. Face aux difficultés d’accès aux blocs opératoires, elle est en concurrence quotidienne avec d’autres activités et chirurgies, dont beaucoup pourraient être déportées vers d’autres établissements", souligne le collectif. "Bien que la loi ait fait de la greffe une priorité nationale, les choix des directions des CHU sont fréquemment à ses dépens. Pourtant, lorsque les CHU se mobilisent, les effets sont immédiats", poursuit-il.
Le taux de refus de greffe a atteint le "record" historique de 36 %
Autre motif d’inquiétude pour Renaloo : le taux de refus de greffe, qui a atteint le "record" historique de 36 % . "Il explose en particulier dans les zones urbaines denses, où existent de grandes inégalités sociales et une pauvreté importante", déplorent les militants. "La question de la crise de l’hôpital et de son impact sur l’accueil des futurs donneurs et de leurs proches doit être posée, dans le contexte de fortes inégalités dans les prises en charge en urgence. Comment adhérer au don lorsque l’on estime avoir été maltraité, ou que l’on pense que son proche a été mal pris en charge ?", interrogent-ils.
Par ailleurs, "l’activité de greffes de donneurs vivants est fragilisée, car elle repose sur l’engagement d’un faible nombre d’équipes" peut-on lire dans le document envoyé aux rédactions. En 2022, seules 8 des 31 équipes de greffe rénale en métropole ont fait plus de 20 greffes rénales de donneur vivant par an. Et les six équipes les plus actives (Toulouse, Necker, Grenoble, Rouen, Montpellier, Bordeaux) réalisaient à elles-seules près de la moitié de toute l’activité nationale.
Comment "prioriser le prélèvement et la greffe" ?
"On voit bien, sur le terrain, que le prélèvement et la greffe souffrent de façon considérable de la crise de l’hôpital, plus que toute autre spécialité médicale ou chirurgicale pouvant fonctionner de manière plus autonome ou être déportée dans d’autres structures. Face à ces difficultés, notre crainte est que dès 2024, 3e année du plan greffe, ses objectifs minimaux ne soient pas atteints, ce qui serait un drame pour les patients en attente", conclut Yvanie Caillé, fondatrice de Renaloo.
Renaloo appelle pour finir à :
- un signal politique fort, au plus haut niveau de l’État, en faveur de la greffe.
- la mobilisation de tous les CHU pour prioriser le prélèvement et la greffe.
- des mesures urgentes, notamment la sanctuarisation de temps opératoires dédiés à la greffe de donneurs vivants.
- la réduction des profondes inégalités territoriales d’accès à la greffe rénale.
Dans notre pays, 3 à 6 millions de personnes sont concernées par les maladies rénales et 100.000 patients dont les reins ne fonctionnent plus vivent grâce à un traitement de suppléance (dialyse ou greffe).
8 Français sur 10 se disent favorables au don de leurs organes.