Enraidissement douloureux, gonflement des articulations, fatigue, perte d’appétit… Ces symptômes peuvent indiquer une polyarthrite rhumatoïde, à savoir une maladie inflammatoire chronique. Jusqu’à présent, il n’existe ni remède, ni traitement préventif contre cette pathologie. Pour supprimer, réduire les poussées et contrôler les destructions articulaires, un principe actif, appelé "abatacept", est utilisé comme traitement de deuxième ou troisième intention pour les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde avérée. Ce dernier est administré par injections hebdomadaires à domicile ou à l'hôpital par perfusion.
110 personnes ont reçu l’abatacept pendant un an
Dans une récente étude, des chercheurs du King's College London (Angleterre) ont voulu savoir si ce principe actif pouvait pourrait prévenir la progression de la maladie chez les adultes jugés à risque. "Les personnes présentant des anticorps sériques contre les antigènes des protéines citrullinées, le facteur rhumatoïde et des symptômes, tels que des douleurs articulaires inflammatoires, ont un risque élevé de développer une polyarthrite rhumatoïde", ont-ils rappelé.
Pour les besoins de leurs travaux, publiés dans la revue The Lancet, l’équipe a recruté 213 patients ayant un risque élevé de développer la polyarthrite rhumatoïde entre le 22 décembre 2014 et le 14 janvier 2019. Les participants présentaient des symptômes précoces, tels que des douleurs articulaires mais pas de gonflement des articulations. Dans le cadre de l’intervention, 110 volontaires ont reçu l’abatacept et 103 adultes ont bénéficié d’un placebo pendant un an. Après le traitement, les scientifiques les ont suivis durant 12 mois supplémentaires.
Polyarthrite rhumatoïde : seulement 6 % des adultes traités ont développé la maladie
Selon les résultats, 6 % des personnes traités avec l’abatacept avaient développé une polyarthrite rhumatoïde, contre 29 % dans le groupe placebo. Au bout de 24 mois, les différences étaient encore significatives, avec un total de 25 % de participants ayant évolué vers cette maladie inflammatoire chronique dans le groupe ayant reçu le principe actif, contre 37 % dans le groupe placebo.
Les auteurs ont constaté que l'abatacept était associé à des améliorations des scores de douleur, du bien-être fonctionnel et des mesures de la qualité de vie, ainsi qu'à une diminution des scores d'inflammation de la paroi des articulations détectable par échographie. "Cependant, les effets n'ont pas été maintenus au-delà de 24 mois. Sept effets indésirables graves sont survenus chez les personnes ayant bénéficié de l’abatacept", peut-on lire dans les recherches.
"Il s'agit du plus grand essai de prévention de la polyarthrite rhumatoïde à ce jour et du premier à montrer qu'une thérapie autorisée pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde établie est également efficace pour prévenir l'apparition de la maladie chez les personnes à risque. (…) C’est une nouvelle prometteuse pour le NHS, car la maladie affecte les gens à mesure qu'ils vieillissent et son traitement deviendra de plus en plus coûteux en raison du vieillissement croissant de la population", a conclu le professeur Andrew Cope, auteur principal de l’étude.