Un cancer peut se propager dans le corps. Les scientifiques parlent alors de stade métastatique : lorsque les cellules cancéreuses se détachent de la tumeur pour en former une nouvelle dans une autre partie de l’organisme. Dans le cas du cancer du sein, les organes les plus souvent touchés par des métastases sont le foie, les os et les poumons, précise l’Institut national du cancer. Des chercheurs suisses et finlandais ont réalisé de nouvelles découvertes sur l’apparition de ces cellules cancéreuses. Dans The Journal of Clinical Investigation, ils expliquent que les métastases sont liées à des cellules immunitaires et à une inflammation aiguë.
Cancer du sein : les métastases sont liées à une inflammation aigüe et à des globules blancs
Cette inflammation se produit dans et autour de la tumeur initiale. Les scientifiques de l’Université de Fribourg, de l'Université d’Helsinki, de l’Université de Lausanne et de l'Institut suisse de bioinformatique du Centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV) ont constaté que certains globules blancs sont liés à ce phénomène : les granulocytes. Ces derniers sont souvent présents lors d’une inflammation aigüe et facilitent la formation des métastases. "En quelque sorte, les cellules cancéreuses poussent les granulocytes qui se trouvent sur le site tumoral à produire des médiateurs inflammatoires, l'interleukine 6 et l'oncostatine, développe le Professeur Curzio Rüegg, de l’Université de Fribourg. Ce sont ces deux médiateurs qui, dans un second temps, transforment les cellules cancéreuses du sein en cellules souches cancéreuses à haute capacité métastatique."
Un traitement potentiel pour bloquer l’apparition des métastases en cas de cancer du sein
Avec les autres scientifiques, le chercheur suisse a mis en lumière un processus permettant de bloquer ces deux médiateurs et ainsi de réduire le risque d’apparition de métastases. En inhibant l'interleukine 6 et l'oncostatine produites par les granulocytes, il est possible de supprimer la formation de cellules souches cancéreuses et les métastases. "Bien que le mécanisme ait été découvert à l’aide de modèles de laboratoire, l’équipe a également démontré des événements similaires dans le cancer du sein humain", est-il précisé dans un communiqué.
Cancer du sein et métastases : une signature génétique identifiée
Par ailleurs, des médicaments inhibiteurs de l'interleukine 6 existent. S’ils sont aujourd’hui utilisés pour soigner les personnes atteintes de maladies inflammatoires chroniques, ils pourraient devenir des traitements préventifs contre le cancer du sein métastatique chez les patientes à risque. Ces dernières pourraient être désormais identifiées plus facilement : les scientifiques ont découvert une signature génétique spécifique lors de leurs travaux. Elle permet de repérer les patientes présentant un risque accru de métastases à cause de ce processus associant inflammation et globules blancs. "Ces travaux ouvrent de vraies opportunités en vue de développer de nouveaux traitements pour les patientes à haut risque de métastases", concluent les chercheurs.
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