En 2017, alors qu’elle passe une échographie abdominale pour des problèmes urinaires, l’échographe indique à Mathilde Leconte que son foie “brille”. “Sur le moment je ne comprends pas, et c’est en lisant le compte rendu d’examen que je découvre pour la première fois le terme de stéatose. J’ai été très étonnée car je n’avais jamais entendu parler de cette maladie !”, avoue-t-elle. La stéatose hépatique non alcoolique est une pathologie qui se développe lorsque le foie accumule trop de graisse à cause d’un déséquilibre sur le long terme entre l’énergie consommée et celle dépensée, d’où la son surnom de maladie du foie gras.
NAFLD : “c’est peut-être ma consommation de soda qui en est la cause”
“En cherchant sur internet, je comprends que c’est peut-être ma consommation de soda qui en est la cause (on la surnomme aussi la maladie du soda justement). Je prends rendez-vous avec mon médecin généraliste qui valide mon hypothèse. Me voilà donc avec un objectif clair : je ne dois plus consommer de sodas.”
La mère de trois enfants arrête alors ces boissons, ou en consomme une de temps en temps, mais le changement ne va pas plus loin. Elle n’arrive pas à se mettre au sport et ne perd pas de poids. “Je faisais 73 kg pour 1m69, donc j’avais un léger surpoids, mais après trois grossesses, ça ne m’alertait pas.”
Stéatose hépatique non alcoolique : “j’ai quatre mois top chrono pour inverser la tendance !”
Quelques années passent, et en 2021, à la suite d'un Fibroscan de contrôle, la trentenaire apprend que sa maladie s’est aggravée, passant du grade II au grade III. Cela signifie que 50 % à 75 % des cellules de son foie sont touchées. Si la maladie continue de progresser ainsi, il y a un risque de fibrose, c’est-à-dire un durcissement des tissus et une perte d'élasticité du foie, qui peut conduire à terme, à une cirrhose et/ou un cancer du foie. “Je suis toute seule chez moi lorsque je reçois le résultat de cet examen et je m’effondre. Je n’arrive pas à comprendre comment la maladie a pu évoluer alors que mon dernier bilan sanguin était dans les normes du laboratoire. Je passe la journée à pleurer, sans rien pouvoir manger, à chercher désespérément une explication.” Le choc passé, Mathilde décide de prendre contact avec son hépatologue. “Un rendez-vous est fixé pour dans quatre mois. C’est donc parti, j’ai quatre mois top chrono pour inverser la tendance !”
“La part de glucides ne dépasse pas un quart de mon assiette et surtout, je rajoute des légumes”
L’habitante de la Haute-Vienne décide de prendre une année sabbatique pour se consacrer à ce nouvel objectif. Elle s’appuie sur deux actions pour parvenir à ses fins. “Je fais un rééquilibrage alimentaire en prenant soin d’être tout de même suivi par une diététicienne afin de m’assurer que je ne fais pas totalement n’importe quoi avec mon alimentation, et je commence une activité sportive régulière.”
Concrètement, Mathilde fait quatre repas par jour, en équilibrant les quantités sur la journée. “La part de glucides ne dépasse pas un quart de mon assiette et surtout, je rajoute des légumes, aliments que je ne consommais quasiment jamais. J’arrête aussi le sucre, sauf celui naturellement présent dans les fruits, ainsi que deux carrés de chocolat noir le soir. Évidemment, je ne consomme pas un gramme d’alcool, ce qui n’est pas spécialement difficile pour moi car je n’en consommais déjà pas avant. Et comme à ce moment-là je suis dans un objectif de perte de poids, je décide également de supprimer complètement le beurre.”
Sport : “Je m’y suis mise à 36 ans, comme quoi il n’y a vraiment pas d’âge pour ça !”
Pour sortir de la sédentarité, Mathilde commence une activité physique quatre fois par semaine. “Je m’y suis mise à 36 ans, comme quoi il n’y a vraiment pas d’âge pour ça ! Mais pas n’importe quelle activité physique car je ne veux pas me tuer des heures à la salle de sport, de toute façon j’en suis strictement incapable. J’ai donc choisi le HIIT [High Intensity Interval Training, NDLR], un sport en fractionné qui me convient bien : pendant 30 secondes l’activité est vraiment intense, il faut se donner au maximum, puis les 30 secondes suivantes correspondent à de la récupération. Le tout sur un cycle de 18 minutes. Avant chaque séance, je fais aussi 15 minutes d’échauffement au minimum pour éviter tout risque de blessure, qui m’empêcherait de continuer sur le long terme.”
Sa volonté paie puisqu’elle parvient à perdre 13 kg en quatre mois. Le rendez-vous tant attendu avec l’hépatologue arrive : “Il me félicite pour ma perte de poids et j’ai la chance de passer un Fibroscan. Le médecin m’annonce alors que mon foie est revenu totalement à la normale ! Ce résultat va au-delà de mes espérances car je pensais revenir à la forme modérée de la maladie… Mais me voilà avec un foie flambant neuf !”
Depuis, sa nouvelle hygiène de vie ne la quitte plus, et mieux encore, Mathilde a décidé de se lancer dans la prévention pour sensibiliser un maximum de personnes et leur montrer, grâce à son histoire, qu’il est possible de s’en sortir, à travers sa page Facebook ou encore son compte TikTok. Avec l’association SOS Hépatites et Maladies du foie, qui propose une "Nashletter", elle a écrit le guide Anti-nash et a lancé en 2023 le défi d’un mois de juin sans sucres ajoutés, opération qui sera réitérée cette année, en 2024.
Vous pouvez retrouver l’interview complète de Mathilde dans notre émission C notre santé :