Recevoir un message qui vous rappelle une prise de médicaments, le nombre de cachets à avaler, ou qui vous indique l’état de votre glycémie ou votre activité physique est suffisante par rapport aux recommandations… Toutes ces applications santé disponibles via les smartphones permettraient de faire de substancielles économies aux systèmes de santé. Pas moins de 23 milliards de dollars (17 milliards d'euros) au système de santé américain grâce à un meilleur contrôle des maladies chroniques comme le diabète ou les maladies cardiaques, a annoncé le cabinet de conseil Accenture lors du dernier sommet « mHealth Summit 2013 » consacré à ces technologies de santé mobile, qui s’est tenu à Washington. Cela représente une économie comprise entre 2000 et 3000 dollars par an et par individu.
11 miiliards d'économie en France
Ce n’est pas la première fois que des évaluations chiffrées sont faites. En France, le cabinet de conseil PWC estimait qu’une plus grande utilisation des smartphones et des tablettes permettrait non seulement d'améliorer l'état des patients, mais aussi de faire économiser à la France 11,5 milliards d'euros à l'horizon 2017. Et 99 milliards d'euros à l'échelle européenne…
Selon les estimations de ces experts, ces nouveaux outils, grâce à la prévention et aux soins, pourraient réduire de 70 % les arrêts pour maladies chroniques (diabète, insuffisance respiratoire). « C’est vrai que ces chiffres paraissent faramineux, et on peut craindre un emballement, une mini-bulle spéculative autour de ces technologies, comme on l’a connu pour Internet au début des années 2000 », tempère le Pr Alexandre Mignon, anesthésiste réanimateur à Cochin et directeur d’Ilumens, une plateforme d’enseignement médical qui utilise les nouvelles technologies. « Mais il est indéniable que ces technologies vont prendre une place de plus en plus importante et qu’elles auront un impact sur les systèmes de santé. »
Ecouter le Pr Alexandre Mignon, anesthésiste réanimateur à Cochin et directeur d’Ilumens. « La tendance est là, ces outils non invasifs, extrêmement faciles d’emploi, vont se développer, c’est inéluctable. »
500 millions d'utilisateurs dans le monde
Les applications santé font des émules. 500 millions de propriétaires de smartphones à travers le monde utiliseront ces solutions santé mobile d'ici à 2015, selon les prévisions de Research3Guidance une société allemande présentées lors du « mHealth 2013 ». Et en 2018, sur la moitié des 3,4 milliards de smartphones ou tablettes numériques, des applications santé auront été téléchargés.
Des chiffres qui aiguisent les appétits. « Un tri devra se faire » souligne le Pr Mignon. L’Agence américaine d’évaluation du médicament et des dispositifs médicaux, la FDA, a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne se pencherait que sur les applications qui mesurent des constantes médicales comme la pression artérielle ou la glycémie. Pour le reste, c’est-à dire les applications de conseil ou d’aide à la bonne observance d’un traitement, le ménage se fera par la concurrence.
« Les médecins ont aussi un rôle à jouer, ajoute l'anesthésiste réanimateur, d’une part dans la conception même de ces outils, car ils sont les mieux placés pour déterminer les besoins et les services à apporter en fonction des pathologies. D’autre part, ils seront amenés à prescrire des applications santé car ils seront de plus en plus tenus de résultats en terme d’observance des traitements. »
Ecouter le Pr Alexandre Mignon. « Le médecin deviendra prescripteur car il sera de plus en plus tenu à des résultats pour la bonne observance : quand il prescrit un hypertenseur, il faut être sûr que les malades le prennent et que ce médicament est efficace. »