La maladie du foie gras est l’une des seules pathologies qui peut être inversée sans médicament. Une alimentation équilibrée et une activité physique régulière permettent de retrouver petit à petit un foie en bonne santé. Si ces modifications de mode de vie sont faciles à dire/écrire, elles ne sont pas si simples à intégrer à son quotidien sur le long cours. Dr Antoine Desvergée, praticien hospitalier au sein du service de médecine physique et réadaptation du CHU de Caen, partage ses astuces pour bouger plus et lutter contre la NAFLD et la NASH.
Comment l’activité physique lutte contre la maladie du foie gras ?
Que cela soit pour la santé métabolique, hépatique, cardiaque ou cognitive, l’activité physique est primordiale à notre bien-être. Il est important de le rappeler. Mais elle est particulièrement intéressante dans la lutte contre les maladies du foie gras, car elle va réguler le cœur du problème.
"Le mécanisme même de la NASH, c’est un problème d’insuline. Chez les personnes qui ont une hygiène de vie défavorable et d’autres facteurs de risque comme l’obésité, le pancréas doit produire un maximum d’insuline très régulièrement pour éviter que le taux de glucose monte dans le sang, explique le Dr Antoine Desvergée. Quand trop d’insuline est produite, le cycle et la dégradation des acides gras au niveau hépatique sont complètement perturbés. On cumule alors de la graisse dans le foie. Or, l’activité physique a justement un impact extrêmement important sur la régulation de l’insuline. Elle fait diminuer l’hyperinsulinisme ainsi que la résistance à l’insuline." De plus, l’activité physique a des vertus anti-inflammatoires. Un atout de taille dans la lutte contre la stéatose hépatique non alcoolique qui se caractérise par une inflammation du foie.
NASH et activité physique : il faut se faire plaisir
Lorsqu’on a été inactif, voire sédentaire, pendant des années, il n’est pas forcément facile de prendre la direction des salles de sport. "Le but est d’y aller progressivement, précise l’expert. Atteindre les recommandations d’activité physique - c'est-à-dire 150 min d’activités physiques modérées par semaine - est très bien", explique le médecin. "L’activité physique intense n’est pas recommandée pour ces patients qui ont une hygiène de vie défavorable et d’autres limitations physiques", ajoute-t-il.
Alors par quoi commencer ? Les experts mettent généralement en avant les exercices d’endurance pour contrer la maladie du foie gras. "C’est très bien, mais il faut reconnaître que faire du vélo d’appartement une heure tous les jours, peut rapidement paraître ennuyeux". Pour le spécialiste, la solution se trouve dans l’interval training. "Il s’agit d’activités multiples et diverses qui font appel aux membres supérieurs, membres inférieurs, à l’équilibre, l’étirement… on va chercher différents exercices pour avoir un parcours d'activité varié et ludique faisant travailler différents muscles dans la bonne humeur". Pour lutter contre la NASH, il faut, en effet, brûler des acides gras et du glucose. Le meilleur moyen pour cela ? Faire travailler de manière répétée et régulière les grands groupes de muscles comme les quadriceps, les ischio-jambiers, la ceinture scapulaire, les épaules…
"Mais, on évite les choses rébarbatives", indique l’expert. En effet, la clé pour intégrer l’activité physique dans sa vie quotidienne plus aisément, selon lui, est le plaisir. "Si les gens sont attirés par le fitness, c’est très bien, s’ils ont envie de marcher c’est parfait, s’ils ont envie de ramer aussi. Le message est de se faire plaisir."
"L’aspect ludique et social est essentiel dans l’activité physique. Une fois qu’on a trouvé du plaisir dans l’activité physique, on a gagné, car il est plus facile d’en faire une habitude ancrée dans la vie de tous les jours", conclut le Dr Antoine Desvergée.
Retour au sport : se faire aider par un professionnel
L’autre point important pour (re)devenir actif avec succès est de se faire accompagner par des professionnels. "Des études ont montré que lorsqu’ils commencent seuls – les fameuses bonnes résolutions du mois septembre ou de janvier par exemple - 60 % des gens se blessent. Des petites blessures (foulure, entorse…), mais comme les gens se font mal, ils s'arrêtent et le changement d’hygiène de vie aussi", alerte le médecin.
Il recommande aux personnes qui souhaitent reprendre une activité physique de se rendre ou de contacter une maison sport-santé. "Il y en a plus de 500 en France. Il suffit de dire : 'je suis atteint d’une NASH ou une NAFLD, j’aimerais être plus actif. Que me conseillez-vous ?' Il y aura forcément une réponse adaptée qui aidera à ne pas se blesser et à se faire plaisir également."
L’expert prévient toutefois : si les premiers bénéfices de l’activité physique sur la santé apparaissent dès 15 min par jour, cela reste un travail de longue haleine. "Rien n’est rapide. Dès qu’on parle de changement de mode de vie et d’état d’esprit. C’est forcément long. On ne va pas se transformer en marathonien en quelques mois. Ce n’est d’ailleurs pas le but."
"Il faut montrer que le plaisir de l'activité physique peut être plus important que le plaisir de rien faire, et en plus c’est meilleur pour leur santé".
Maladie du foie gras et sédentarité : comment bouger plus au quotidien ?
Avoir pris la direction des salles ou des cours de sport, c’est bien. Cependant, il faut de manière générale lutter contre la sédentarité de plus en plus présente dans nos vies. Comment être plus actif au quotidien ? Il faut se fixer des petits objectifs comme aller chercher le pain à pied plutôt qu’en voiture, prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur.
"L’idée est de mettre de l’activité physique partout où on peut en mettre et de lutter contre les habitudes les plus néfastes comme se mettre sur un canapé et regarder la télé. L’une des solutions contre ça, c’est par exemple de s'asseoir sur les gros ballons de sport pour regarder la télé, cela va faire une différence, car on travaille plusieurs muscles."