Une exposition aux particules fines favorise la survenue du cancer du poumon chez des patients non-fumeurs porteurs de mutations sur le gène EGFR.
"Établie par une étude anglaise, cette relation vient d’être confirmée et quantifiée par des recherches menées sur une cohorte de l’étude KBP-2020" a expliqué lors du congrès de pneumologie de langue Française (CPF) le Professeur Alexis Cortot, pneumologue au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille.
Cancer du poumon et pollution de l'air : + 50 % de risque chez les porteurs de la mutation EGFR
"KBP-2020 a été l’opportunité d’étudier l’impact de la pollution sur le cancer du poumon afin de confirmer les résultats obtenus par l’équipe de recherche londonienne dirigée par Charles Swanton", a aussi rappelé à cette occasion le spécialiste.
"Les résultats montrent qu’il existe bien un lien entre l’exposition aux particules fines PM2,5 et la proportion de mutations EGFR parmi les cancers bronchiques diagnostiqués, avec un risque égal à 1,5", a précisé Alexis Cortot. "Les patients résidant dans des zones polluées ont ainsi 50 % de risque supplémentaire d’avoir un cancer du poumon présentant ce type de mutation", a-t-il ajouté.
"S’il est important, ce risque est toutefois inférieur à celui lié au tabagisme actif, qui est dix à quinze fois plus élevé. Il est en revanche similaire au risque associé au tabagisme passif", a-t-il également indiqué.
Cancer du poumon et pollution de l'air : l'apport du projet KBP
Unique au monde, le projet KBP regroupe une série d’études conduites par le Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux (CPHG). Il permet de dresser tous les dix ans un état des lieux des nouveaux cas de cancer bronchique en France.
Dans ce nouveau volet, le KBP a inclus environ 9.000 patients pris en charge dans des centres hospitaliers généraux. Durant un an, tous les cas de cancer du poumon diagnostiqués ainsi que les caractéristiques des patients ont été recueillis.
A chaque ville de résidence des patients a été associé un niveau d’exposition à différents polluants tels que les PM2,5, les PM10, l’ozone, le dioxyde d’azote et les radiations ionisantes (radon). Outre EGFR, d’autres mutations ont été prises en compte pour étudier l’association entre l’exposition aux polluants et le profil des cancers du poumon présentés par les patients. On parle par exemple ici des réarrangements ALK et ROS ou encore des altérations KRAS et HER2.
"Par rapport à l’étude anglaise, davantage de polluants et de mutations ont donc été explorés", a expliqué pour finir Alexis Cortot. "En outre, des ajustements ont été effectués sur des facteurs associés à la présence de ces mutations, en particulier le statut tabagique. Ces ajustements ont permis d’observer le lien de l’exposition aux polluants avec les cancers mutés, tant chez les non-fumeurs que chez les fumeurs", conclut le professeur.
L’incidence des cancers bronchiques mutés EGFR est variable dans le monde : elle est d’environ 10 % en France contre 40 % en Chine.