- Des scientifiques ont utilisé l'Intelligence Artificielle pour étudier des données de neuro-imagerie chez des personnes atteintes d'autisme.
- Les chercheurs ont distingué quatre sous-groupes d'autisme.
- Cette découverte pourrait permettre une prise en charge personnalisée.
L’autisme est un trouble neurodéveloppemental dont les mécanismes complets ne sont pas encore bien compris. Cependant, une étude du Weill Cornell Medicine (New York), présentée dans la revue scientifique Nature Neuroscience en 2023, propose une avancée intéressante. Les chercheurs ont réussi à identifier 4 sous-groupes distincts.
TSA : distinction de 4 sous-groupes
Grâce à l’aide d’une intelligence artificielle disposant d'outils d’apprentissage automatique, les scientifiques ont analysé les données de neuro-imagerie de 299 personnes autistes et de 907 individus neurotypiques. Ils ont découvert des schémas de connexions cérébrales liés à des traits comportementaux chez les autistes comme la capacité verbale, l'affect social et les comportements répétitifs ou stéréotypés.
Il leur a été possible de distinguer quatre sous-groupes d'autisme. Chacun présente des différences d'expression régionale des gènes ou encore des interactions protéine-protéine pouvant expliquer les différences observées dans le cerveau et le comportement.
"Deux des groupes avaient une intelligence verbale supérieure à la moyenne. L’un présentait également de graves déficits de communication sociale, mais des comportements moins répétitifs, tandis que l'autre avait des comportements plus répétitifs et moins de déficience sociale. Les connexions entre les parties du cerveau qui traitent les informations visuelles et aident le cerveau à identifier les informations entrantes les plus saillantes, étaient hyperactives dans le sous-groupe avec plus de déficience sociale. Ces mêmes connexions étaient faibles dans le groupe avec des comportements plus répétitifs", précisent les auteurs dans le communiqué de Weill Cornell Medicine.
"Il était intéressant au niveau des circuits cérébraux qu'il y ait des réseaux cérébraux similaires impliqués dans ces deux sous-types, mais les connexions dans ces mêmes réseaux étaient atypiques dans des directions opposées", a noté la Dr Amanda Buch qui a travaillé sur l’étude.
Les deux autres sous-groupes présentaient des déficiences sociales importantes et des comportements répétitifs, mais avaient des capacités verbales aux extrémités opposées du spectre. Ainsi, même s'il existe certaines similitudes comportementales, les scientifiques ont découvert des schémas de connexion cérébrale complètement différents.
Les chercheurs ont analysé l'expression des gènes qui explique les connexions cérébrales atypiques présentes dans chaque sous-groupe afin de mieux comprendre les causes des différences. Dans d'autres travaux, l'équipe avait déjà mis en lumière de nombreux gènes liés à l'autisme. Les chercheurs ont également noté que l'ocytocine, une hormone précédemment associée aux interactions sociales positives, est une protéine centrale dans le sous-groupe ayant plus de déficience sociale ainsi que des comportements répétitifs relativement limités. Ces résultats ont été confirmés sur une deuxième série de données humaines : les mêmes quatre sous-groupes ont été trouvés.
Autisme : cette découverte pourrait permettre des soins personnalisés
Compte tenu des données obtenues, le Dr Grosenick, co-auteur principal de l’étude, a déclaré : "vous pourriez avoir une prise en charge qui fonctionne dans un sous-groupe de personnes autistes, mais cet avantage disparaît dans l'essai plus large parce que vous ne faites pas attention aux sous-groupes". En conséquence, il pense que la découverte de son équipe pourrait conduire à une meilleure prise en charge ainsi que des soins personnalisés pour les autistes.
"L'un des obstacles au développement de soins pour l'autisme est que les critères de diagnostic sont larges et s'appliquent donc à un groupe important et phénotypiquement diversifié de personnes avec différents mécanismes biologiques sous-jacents", a noté la Dr Buch dans un communiqué. "Pour personnaliser les soins des personnes autistes, il sera important de comprendre et de cibler cette diversité biologique. Il est difficile d'identifier les soins optimaux quand tout le monde est traité comme étant le même, quand chacun est unique", ajoute-t-elle.
Par exemple, l’experte évoque que des études ayant étudié l'utilisation de l'ocytocine intranasale pour traiter les personnes autistes avaient obtenu des résultats mitigés. Elle pense qu'il serait intéressant de tester si l'ocytocine est efficace sur le sous-groupe où l’hormone apparaît être un élément central du trouble.