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Psychologie

Vous adorez les commérages ? Tant mieux pour votre évolution !

Par Chloé Savellon

Des chercheurs chinois et américains ont révélé les surprenants avantages des potins sur l'évolution des individus. 

kzenon/iStock
Les personnes sont plus susceptibles de commérer, car elles veulent protéger leur propre réputation et éviter d’être victimes de rumeurs.
Les ragots sont utiles pour diffuser des informations sur la réputation des gens.
Cela peut aider les destinataires de ces rumeurs à changer de comportement et à ne pas agir de manière égoïste.

"Des cités mésopotamiennes aux nations industrialisées, les ragots, c'est-à-dire l'échange d'informations personnelles sur des tiers absents, ont toujours été au cœur des liens entre les êtres humains. (…) Une personne passe en moyenne une heure par jour à parler des autres, ce qui nous fait perdre beaucoup de temps dans notre vie quotidienne." C’est ce qu’ont écrit des scientifiques des universités de Stanford et du Maryland (États-Unis) ainsi que de Hong Kong (Chine) dans une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

Faire des commérages pour protéger sa réputation et éviter d’être victime de rumeurs

Dans ces travaux, l’équipe a dévoilé que les potins pouvaient être bénéfiques pour les cercles sociaux. Avant de parvenir à ce constat, elle s’est posée une question : comment les ragots sont-ils devenus un passe-temps aussi populaire qui transcende le sexe, l'âge, la culture et la condition sociale ? Pour y répondre, les auteurs ont utilisé un modèle de théorie des jeux qui imite la prise de décision humaine. En les combinant à des principes de la biologie évolutive, ils ont pu observer comment leurs agents interagissaient les uns avec les autres et modifiaient leurs stratégies pour obtenir des récompenses. Dans ce cas, les chercheurs voulaient savoir si les agents utiliseraient les commérages pour se protéger ou pour exploiter les autres.

Selon les résultats, les agents sont plus susceptibles de coopérer en présence d’une personne faisant des commérages, tenant des propos désobligeants ou répandant des ragots, car ils veulent protéger leur propre réputation et éviter d’être victimes de rumeurs. "Si d'autres personnes se comportent de la meilleure façon possible parce qu'elles savent que vous commérez, alors elles seront plus susceptibles de coopérer avec vous sur certaines choses. Le fait que vous parlez des autres finit par vous apporter un avantage. Cela incite ensuite les autres à commérer, car ils peuvent voir que cela apporte une récompense", a déclaré Dana Nau, co-auteure de l’étude.

Le partage d’informations sur la réputation des autres peut avoir un effet de "dissuasion de l’égoïsme"

L’équipe a également constaté que les potins permettent de diffuser des informations sur la réputation des gens, ce qui a un effet de "dissuasion de l’égoïsme". En d’autres termes, les victimes des ragots conditionnent leur comportement à la réputation des autres, et comme ils ne veulent pas faire l’objet de futures rumeurs, cela les dissuade d’agir de manière égoïste. Grâce à leur capacité à influencer le comportement des autres et à encourager la coopération, les commérages ont un "avantage évolutif" qui perpétue le cycle des ragots.

"Les ragots positifs et négatifs sont tous deux importants car ils jouent un rôle important dans le partage d'informations sur la réputation des gens. Une fois que les gens disposent de ces informations, les personnes coopératives peuvent trouver d’autres bonnes personnes avec qui coopérer, ce qui est réellement bénéfique pour le groupe. Les commérages ne sont donc pas toujours une mauvaise chose !", a expliqué Xinyue Pan, qui a dirigé les travaux.

Dans les conclusions, les scientifiques soulignent que leurs recherches n’englobent pas toute la complexité humaine et ne peuvent pas non plus remplacer les études comportementales.