Alors qu’on observe ces dernières années une augmentation du nombre de chirurgies bariatriques en France, la Haute Autorité de santé (HAS) rappelle que cette pratique ne doit pas être automatique dans la prise en charge des personnes souffrant d'obésité.
Obésité : "la chirurgie bariatrique ne doit pas être pratiquée chez l'enfant"
"Elle doit intervenir en dernier recours et ne doit pas être pratiquée chez l'enfant, sauf cas exceptionnels", précise l’institution dans un communiqué de presse. "Elle implique une préparation de six mois au minimum, un suivi régulier spécifique après l’intervention et un suivi à vie de l’état de santé, tout en maintenant les modifications des habitudes de vie", détaille-t-elle. "Aujourd’hui seuls 50 % des patients opérés bénéficient d’un suivi à deux ans. Après cinq, dix, quinze ans, ce pourcentage diminue", déplore-t-elle.
En France, 4 % des enfants et adolescents de 6 à 17 ans et 17 % des adultes sont en situation d’obésité. En intégrant le surpoids, cette prévalence passe respectivement à 17 % et à 49 %. L’obésité est presque quatre fois plus fréquente pour les personnes défavorisées socialement, et cela de façon plus marquée chez les femmes. Cette maladie chronique complexe a un impact important sur la qualité de vie, entraine d’autres pathologies et réduit l’espérance de vie.
Obésité : de nouvelles recommandations concernant la prise en charge
Face à cet enjeu majeur de santé publique, la HAS a actualisé ses recommandations concernant la prise en charge des personnes souffrant d’obésité. Les experts indiquent notamment que :
- la modification des habitudes de vie constitue la première modalité de la prise en charge, quelle que soit la complexité de la situation : alimentation, activité physique du quotidien, sédentarité, rythmes de vie, etc.
- Cet accompagnement est à co-construire avec le patient et à adapter à sa situation en anticipant d’éventuelles difficultés psychologiques, sociales, professionnelles ou scolaires.
- Des séances d’éducation thérapeutique animées par des professionnels de santé et des patients-ressources peuvent être proposées dès le diagnostic de surpoids ou d'obésité.
- Un accompagnement psychologique voire psychiatrique peut aussi être mis en œuvre si nécessaire. Objectifs : former le patient, lui (re)donner confiance et faciliter son engagement dans le projet de soins.
La HAS invite également les professionnels de santé à "éviter toute rupture de soins, tout particulièrement si l’obésité entraine d’autres maladies".
Obésité : "il est essentiel d’adopter une posture de non-jugement"
"À travers ce parcours, nous proposons des solutions pour prévenir et accompagner les situations de stigmatisation et d’auto-stigmatisation qui peuvent être rapportées. Cela passe notamment par une sensibilisation des professionnels", ajoute le Pr Lionel Collet, président de la HAS.
"Nous le savons, un simple regard peut parfois affecter la relation médecin-patient, tout comme le choix des mots et l’environnement dans lequel il est reçu. Il est essentiel d’adopter une posture de non-jugement et d’écoute vis-à-vis des personnes en surpoids ou en obésité, je pense en particulier aux adolescents. L’engagement des patients dans leur prise en charge en dépend", conclut-il.