- Selon une enquête d’opinion, au-delà de la souffrance physique et morale, les acouphènes ont un coût financier non négligeable pour les patients. Les répondants qui en souffrent ont ainsi évalué la perte de leurs revenus à 2.000 euros par an et, après la part de la Sécurité sociale, leur reste à charge moyen à plus de 1.000 euros.
- L’enquête révèle par ailleurs que les acouphènes peuvent affecter leur vie professionnelle et avoir un impact "sur leurs capacités à comprendre la parole, leur efficacité à gérer les tâches quotidiennes, leur qualité de sommeil et leur moral".
- "L’inaction – de 7 ans en moyenne entre l’arrivée des symptômes et l’échange avec un médecin – constitue un temps d’errance médicale au cours de laquelle les personnes cherchent des solutions alternatives pour répondre à leur souffrance : là où il y a des restes à charge", souligne l’étude.
"La double peine des personnes souffrant d’acouphènes : la souffrance physique et morale et la souffrance économique." C’est la conclusion, en substance, d’une nouvelle enquête réalisée par les associations France Acouphènes et Journée Nationale de l’Audition (JNA), ainsi que d’un baromètre Ifop, en amont de la 27e édition de la JNA du jeudi 14 mars 2024.
Si l’impact physique et moral de ces troubles auditifs, qui touchent 8 millions de Français, est de plus en plus documenté, c’est la première fois qu’une étude nationale illustre le fardeau social et financier qu’ils peuvent représenter.
Les acouphènes, un coût financier significatif pour les patients
Au total, 1.563 personnes concernées par les acouphènes ont répondu à un questionnaire en ligne (137 questions) "validé internationalement" entre le mois d’octobre 2023 et février 2024, peut-on lire dans un communiqué. Les répondants ont pu s’exprimer sur leur vécu et leur expérience au cours des deux dernières années. Que ce soit d’un "niveau modéré", "sévère" ou "catastrophique", il ressort que toutes les tranches d’âges sont touchées, avec une apparition autour de 41 ans.
Premier enseignement, les acouphènes ont un coût financier non négligeable pour les patients. Les répondants qui en souffrent ont ainsi évalué la perte de leurs revenus à 2.000 euros par an (jusqu’à 4.000 pour les habitants d’Ile-de-France), et leurs coûts moyens de consultations (à partir de la tarification des actes) à 840,75 euros.
Si les troubles auditifs sont aussi une charge pour la Sécurité sociale, avec un coût total moyen de 296,75 euros par tête et par an, c’est au patient qu’il revient un reste à charge moyen de 1.079,85 euros, pour des appareillages auditifs, des thérapies alternatives non-remboursées (ostéopathie, acupuncture...), des compléments alimentaires, etc.
Enfin, la prise en charge du traumatisme acoustique – la première cause d’acouphènes chez les moins de 50 ans – génère une augmentation du coût médian supporté par le patient (3.800 euros contre 1.900 euros), en raison de l’achat de dispositifs adaptés (masqueurs d’acouphènes, bouchons d’oreilles...).
"Les acouphènes sont un handicap non-reconnu"
L’enquête révèle par ailleurs que les acouphènes affectent la vie professionnelle des personnes qui en souffrent, en les obligeant à poser des jours d’arrêt de travail (16 %) ou en les poussant à changer d’emploi ou de poste (11,4 %). Ils peuvent en effet avoir un impact "sur leurs capacités à comprendre la parole, leur efficacité à gérer les tâches quotidiennes, leur qualité de sommeil et leur moral". "Que ce soit personnellement ou professionnellement, les acouphènes sont un handicap non-reconnu", déplorent les associations.
Enfin, il apparaît que les acouphènes sont d’autant plus une source de souffrance que la prise en charge est jugée trop "lente". D’après l’étude, seuls 14,3 % des répondants en étaient satisfaits, et ce en moyenne 9 ans après la survenue de leurs acouphènes. "L’inaction – de 7 ans en moyenne entre l’arrivée des symptômes et l’échange avec un médecin – constitue un temps d’errance médicale au cours de laquelle les personnes cherchent des solutions alternatives pour répondre à leur souffrance : là où il y a des restes à charge."