Cancer, diabète, maladies cardiovasculaires… l’obésité est un facteur de risque de très nombreuses maladies. C’est pourquoi la forte hausse de cas d’obésité dans le monde observée par l’étude effectuée avec la collaboration de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et publiée dans la revue médicale britannique The Lancet est très inquiétante.
Epidémie d'obésité : le nombre de cas a explosé en trente ans
Pour leur étude, les chercheurs ont repris les données d’environ 220 millions de personnes dans plus de 190 pays et ils ont découvert que plus d’un milliard de personnes dans le monde, enfants et adolescents compris, souffrent d’obésité. Le Pr Majid Ezzati de l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni), l’un des principaux auteurs de la recherche, a précisé que de précédentes estimations tablaient sur un franchissement de ce seuil vers 2030.
Dans le détail, les analyses montrent que le taux d’obésité a été multiplié par 4,5 chez les adultes en trente ans. En effet, on compte quasiment 880 millions d’adultes vivant en situation d’obésité en 2022 dans le monde contre 195 millions en 1990. De plus, le nombre de cas d’obésité parmi la gent masculine a presque triplé (de 4,8 % en 1990 à 14 % en 2022) tandis qu’il a plus que doublé chez les femmes (de 8,8 % à 18,5 %).
Cette “épidémie” touche aussi les enfants et les adolescents de plein fouet. Le nombre de cas d’obésité chez les jeunes est passé de 31 millions en 1990 à 160 millions en 2022. Il a ainsi été quintuplé en 30 ans.
Obésité : de plus en plus de pays à revenus faibles touchés
Autre observation de l’étude : si l’obésité était principalement une maladie observée en Occident auparavant, elle est désormais de plus en plus présente dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. Par exemple, les pays de Polynésie et Micronésie, du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord ou encore des Caraïbes présentent des taux d'obésité plus importants qu’en Europe. "Dans le passé, nous avions tendance à considérer l’obésité comme un problème de pays riches, désormais, c'est un problème mondial", explique Francesco Branca à l’AFP. Pour lui, il y a l’effet d’une "transformation rapide, et pas en mieux, des systèmes d’alimentation dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires".
De plus, le sous-poids – qui peut aussi être à l’origine de nombreux troubles de santé comme une mortalité accrue à l’accouchement ou lors de maladies infectieuses – reste également un problème, surtout en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Les chercheurs notent que certains territoires doivent ainsi faire face au “double fardeau” de la sous-alimentation et de l’obésité.
"Cette nouvelle étude souligne l’importance de la prévention et de la prise en charge de l’obésité dès le début de la vie et jusqu’à l’âge adulte, grâce à l’alimentation, à l’activité physique et à des soins adéquats aux besoins", indique le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. Il appelle à "la coopération du secteur privé, qui doit être responsable de l’impact de ses produits sur la santé".
Pour son organisation, il faudrait déployer davantage de mesures contre la malbouffe comme la taxation des boissons sucrées, le subventionnement des aliments bons pour la santé, la promotion de l’activité physique ou encore l’encadrement des publicités des aliments très gras ou sucrés.
Concernant les médicaments anti-diabète utilisés pour perdre du poids, Francesco Bianca, directeur du département « Nutrition pour la santé et le développement » de l’OMS, estime qu’ils sont “un outil important, mais pas une solution” à l’obésité. “Il est important de regarder les effets à long terme ou secondaires de ces médicaments.”