S’il n’existe pas de traitement contre la maladie d’Alzheimer, une prise en charge rapide permet de ralentir le déclin cognitif. Les chercheurs de l'University College de Londres (UCL) viennent justement de mettre en lumière un signe permettant de prédire la pathologie neurologique des années avant l’apparition des symptômes.
Leurs travaux ont été publiés dans la revue Alzheimer's & Dementia: The Journal of the Alzheimer's Association, le 29 février 2024.
Déclin cognitif : les capacités de navigation spatiale, premières touchées ?
Pour cette étude, l’équipe a réuni 100 adultes asymptomatiques âgés de 43 à 66 ans, soit environ 25 ans plus jeunes que l’âge estimé de l’apparition de la démence. Ils présentaient un risque héréditaire ou physiologique de développer la maladie d'Alzheimer. Certains étaient, par exemple, porteurs de l'allèle APOE-ε4, d’autres avaient des antécédents familiaux ou encore un faible niveau d'activité physique.
Les scientifiques leur ont fait passer un test où ils devaient se déplacer dans un environnement virtuel à l’aide de casques VR. Les données ont montré que les personnes ayant un plus grand risque de développer la maladie d'Alzheimer avaient de moins bons résultats dans cet exercice alors que leurs autres tests cognitifs ne montraient pas de déclin des capacités. Par ailleurs, il y avait une forte différence entre les sexes dans les performances des participants : l'effet était observé chez les hommes, mais pas chez les femmes.
Pour les chercheurs, le recul des capacités de navigation dans l’espace pourrait être un signe précurseur de la maladie. Dr Coco Newton de l'UCL, premier auteur de l’étude, explique dans un communiqué : "Nos résultats ont indiqué que ce type de changement de comportement de navigation pourrait représenter le tout premier signal diagnostique dans le continuum de la maladie d'Alzheimer : lorsque les gens passent de l’état indemne à la manifestation de la pathologie".
Alzheimer : un outil de diagnostic utilisant la réalité virtuelle à l’étude
Cette découverte devrait permettre de développer des outils de diagnostic précoce s’appuyant sur les capacités de navigation spatiale. "Nous exploitons maintenant ces résultats pour développer un outil d'aide à la décision clinique diagnostique pour le NHS (système de la santé publique du Royaume-Uni, NDLR) dans les années à venir. Ce qui constitue une toute nouvelle façon d'aborder le diagnostic et aidera, espérons-le, les gens à obtenir un diagnostic plus rapide et plus précis", explique l'expert avant d'ajouter : "ceci est particulièrement important avec l'émergence de traitements anti-amyloïdes contre la maladie d'Alzheimer, considérés comme les plus efficaces dès les premiers stades de la maladie".
Le Dr Richard Oakley – directeur associé de la recherche et de l'innovation à Alzheimer’s Society, organisation qui a financé en partie les travaux – précise : "cette technologie innovante est loin d'être un test de diagnostic, mais elle apporte davantage de preuves sur le rôle des capacités de navigation comme signe précoce de la maladie d'Alzheimer. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour développer cet outil, mais il sera passionnant de voir comment cette recherche pourrait offrir un moyen de détecter précocement les changements spécifiques à une maladie et d’aider les personnes atteintes de démence à l’avenir."