Plus le dépistage de la fibrillation atriale est répandu et plus le diagnostic est posé tôt, meilleures sont les chances de survie des patients. D'après une étude présentée en 2023 au congrès scientifique de la Société européenne de cardiologie (l’ACNAP), des chercheurs ont développé une nouvelle technique de dépistage à grande échelle grâce à des capteurs installés sur des chariots de courses.
La fibrillation atriale, une maladie silencieuse et dangereuse
L'un des auteurs a déclaré que l'appareil pourrait permettre de diagnostiquer la plupart des personnes, sans affecter leur vie quotidienne. “En deux mois, nous avons identifié 39 patients qui ignoraient qu'ils souffraient de fibrillation atriale, indique Ian Jones, dans un communiqué. Ces 39 personnes les plus à risque [de faire] un AVC [accident vasculaire cérébral] ont eu un rendez-vous chez un cardiologue.”
En France, 1 % de la population est atteinte de fibrillation atriale, selon l’Assurance Maladie. Et la proportion de personnes affectées par cette arythmie cardiaque augmente avec l’âge : plus de 10 % des plus de 80 ans en sont atteintes. Selon la même source, 20 à 30 % des AVC sont secondaires à une fibrillation atriale. C'est donc une maladie dangereuse pouvant rester longtemps silencieuse. Les patients le découvrent souvent trop tard, quand ils sont victimes d'un AVC… La détection précoce est particulièrement importante.
Dépister la fibrillation atriale au quotidien
Le système utilisé par les scientifiques est simple : sur des chariots de supermarché, ils ont installé des capteurs capables d’analyser la fréquence cardiaque des utilisateurs. 2.155 adultes ont participé à cet essai. Après usage de ce chariot, 220 personnes ont vu une lumière rouge sur le capteur (si elle était verte cela signifiait que le rythme cardiaque était normal) et/ou un pouls irrégulier, suggérant une fibrillation atriale. Puis, un cardiologue a examiné les électrocardiogrammes (ECG) - un test qui mesure l'activité électrique du coeur - des participants. Parmi eux, 115 ne souffraient pas de fibrillation atriale, 46 avaient des enregistrements pas clairs et 59 ont reçu un diagnostic de fibrillation atriale.
Grâce à des tests plus poussés, les chercheurs ont découvert que seulement un quart à la moitié des personnes dépistées de fibrillation atriale avec le chariot souffraient réellement de cette pathologie. Cela signifie qu'il y a beaucoup de faux positifs. “Près des deux tiers des personnes [à qui nous avons proposé le chariot] étaient heureuses de l'utiliser, et la grande majorité de celles qui ont refusé étaient pressées plutôt qu’inquiètes d'être surveillées, a déclaré Ian Jones. Cela montre que la plupart des gens acceptent le principe [du chariot] et qu’il mérite d'être testé [dans le cadre] d’une étude plus large.” Selon le chercheur, dépister les gens dans une situation de vie courante comme des courses au supermarché “est [une piste] prometteuse pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux et sauver des vies.”