La souffrance psychique en lien avec le travail constitue un enjeu de santé publique important. "En sus des graves conséquences sur la qualité de vie des travailleurs touchés (chômage, pauvreté et marginalisation), le coût économique pour la société engendré par une santé mentale délétère est important", selon Santé publique France. Problème : la souffrance psychique ne figure pas dans les tableaux de maladies professionnelles des régimes de sécurité sociale et est ainsi peu reconnue en maladie professionnelle.
Pourtant, la fréquence de la souffrance psychique liée au travail a fortement augmenté dans Hexagone et affecte davantage les femmes. C’est ce qu’a récemment révélé une étude publiée par Santé publique France. Cette dernière s’est appuyée sur les données issues du Programme de surveillance des maladies à caractère professionnel et les enquêtes répétées reposant sur des médecins du travail volontaires et leurs équipes. Les évolutions ont été estimées depuis 2007.
Santé mentale : 4,6 % des femmes expriment un mal-être profond au travail
D’après les travaux, entre 2013 et 2019, 281.379 salariés ont fait une visite médicale, dont 51,3 % étaient des hommes. Chez les femmes, la catégorie socioprofessionnelle la plus fréquemment observée était celle des employées (49,8 %), tandis que chez les hommes, les ouvriers constituaient 46,1 % de la population. Le secteur d’activité le plus représenté était la santé humaine et action sociale chez les femmes (26,6 %) et le secteur de l’industrie chez les hommes (22,9 %). Quatre salariés sur cinq étaient en contrat à durée indéterminée.
Les résultats ont montré que les femmes étaient deux fois plus touchées par la souffrance psychique liée au travail que les hommes (4,6 % contre 2,1 %). Le risque de signalement de ce mal-être profond était plus élevé chez les salariées de plus de 35 ans et chez les employés de plus de 25 ans par rapport aux moins de 25 ans. "Les troubles anxieux et dépressifs mixtes étaient les affections psychiques les plus fréquemment signalées par les médecins du travail, suivis des troubles dépressifs. L'âge, la catégorie socioprofessionnelle et le secteur d'activité étaient associés à la souffrance psychique en lien avec le travail de façon robuste." Ainsi, le risque atteignait un maximum chez les cadres.
Souffrance psychique au travail : des problématiques managériales et relationnelles en cause
Des facteurs organisationnels, relationnels et éthiques étaient responsables de cette détresse psychologique. En effet, elle découlait de problématiques managériales et relationnelles, comme les "surcharges ou sous-charges de travail ressenties" et des "relations au travail et violence". En ce qui concernait le burn out, environ trois agents d’exposition sur cinq étaient attribués au "management", dont la moitié étaient liés à des "surcharges ou sous-charges de travail ressenties". En revanche, la part des "relations au travail et violence" était deux fois moins élevée que pour les troubles anxieux et/ou dépressifs.
"La hausse de la prévalence de la souffrance psychique au travail entre 2007 et 2019 associée à l'absence de tableau de maladie professionnelle dédié confirme l'importance de la caractériser. Les salariés dont le genre, les catégories socioprofessionnelles et les secteurs d'activité ressortent comme les plus à risque devraient être privilégiés dans la mise en œuvre de mesures préventives", peut-on lire dans les conclusions de l’étude.