Fatigue intense, difficultés respiratoires, maux de tête, troubles cognitifs et du sommeil… On parle de "Covid long " lorsque les symptômes perdurent plus de 3 mois après une infection aiguë au Sars-Cov2. "Les causes de ces séquelles ne sont pas claires", ont signalé des chercheurs de l’université de Cambridge (Angleterre). Ainsi, ils ont décidé de réaliser une étude publiée dans la revue Nature Immunology.
De faibles niveaux de fer dans le sang ont été détectés chez les patients souffrant du Covid long
Dans le cadre de ces travaux, ils ont recruté 214 adultes, dont le test de dépistage du coronavirus était positif et présentant une gravité variable de la maladie. Durant un an, les participants ont fourni des échantillons de sang afin de suivre les changements dans le sang après l'infection. Lorsque l’équipe a constaté que 45 % des volontaires ont signalé des symptômes persistants allant de 3 à 10 mois après 12 mois de suivi, elle a pu retracer ces échantillons pour voir si des changements sanguins étaient en lien avec leur état de santé ultérieur.
Les auteurs ont observé une inflammation en cours (une partie de la réponse immunitaire à l'infection) et des faibles niveaux de fer dans le sang, contribuant à l'anémie et perturbant la production de globules rouges sains dès deux semaines après la Covid-19 chez les personnes ayant déclaré des symptômes persistants. Selon les résultats, un dérèglement précoce du fer était détectable dans le groupe ayant souffert d’un Covid long, indépendamment de l'âge, du sexe ou de la gravité initiale de la maladie.
Un dérèglement du fer provoqué par "l'inflammation persistante"
"Les niveaux de fer et la façon dont l'organisme régule le fer ont été perturbés dès le début de l'infection par le Sars-CoV-2 et il a fallu du temps pour les rétablir, en particulier chez les personnes qui ont déclaré un Covid long des mois plus tard. Bien que nous ayons constaté que l'organisme essayait de remédier à la faible disponibilité du fer et à l'anémie qui en résultait en produisant davantage de globules rouges, il n'y parvenait pas particulièrement bien face à l'inflammation persistante", a expliqué Aimee Hanson, qui a dirigé les recherches.
D’après les auteurs le dérèglement du fer est une conséquence fréquente de l'inflammation et une réponse naturelle à l'infection. Lorsque l'organisme est infecté, il réagit en éliminant le fer de la circulation sanguine. Cela protège les patients des bactéries potentiellement mortelles qui capturent le fer dans la circulation sanguine et se développent rapidement. "Il s'agit d'une réponse évolutive qui redistribue le fer dans l'organisme. Cependant, si cela dure longtemps, il y a moins de fer pour les globules rouges, de sorte que l'oxygène est transporté moins efficacement, ce qui affecte le métabolisme et la production d'énergie, et pour les globules blancs, qui ont besoin de fer pour fonctionner correctement. Le mécanisme de protection finit par devenir un problème", a précisé Hal Drakesmith, co-auteur de l’étude.
Covid long : trouver "un moyen de remobiliser le fer et de le ramener dans la circulation sanguine"
Face à ces résultats, les scientifiques ont indiqué qu’il existait des moyens potentiels de prévenir ou de réduire l'impact du Covid long en rectifiant le dérèglement du fer au début de l’infection. Une des approches pourrait consister à contrôler l'inflammation extrême le plus tôt possible, avant qu'elle n'ait un impact sur la régulation du fer. "Une autre approche pourrait impliquer une supplémentation en fer. Cependant, cela pourrait ne pas être simple. Ce n'est pas nécessairement que les patients n'ont pas assez de fer dans leur corps, c'est simplement qu'il est piégé au mauvais endroit. Ce dont nous avons besoin, c'est d'un moyen de remobiliser le fer et de le ramener dans la circulation sanguine, où il sera plus utile aux globules rouges."