- La technique des ciseaux génétiques consiste à cibler et couper l'ADN d'un gène défectueux dans les cellules humaines à l'origine de différentes maladies génétiques. Le gène défectueux est soit inactivé, soit remplacé par une copie saine.
- Cette thérapie génique a permis de placer en rémission une dizaine de patients atteints d’un angiœdème héréditaire, une maladie génétique rare, potentiellement mortelle, qui se manifeste par un gonflement brutal, aléatoire et parfois douloureux de certains tissus.
- Ce n’est pas la première maladie génétique que la technique des ciseaux moléculaires permet de soigner. En 2021, une seule injection d’un traitement basé sur CRISPR-Cas9 avait montré des résultats très prometteurs pour les patients souffrant d’amyloïdose à transthyrétine.
L’angiœdème héréditaire est une maladie génétique rare, potentiellement mortelle, qui se manifeste par un gonflement brutal, aléatoire et parfois douloureux de certains tissus, notamment au niveau de la peau et du tube digestif. Quelque 1.500 personnes en seraient atteintes en France, selon la Haute autorité de Santé.
Pour la première fois, une équipe de chercheurs a réussi à soigner la maladie, jusqu’ici incurable, en utilisant la technique d’édition de l’ADN intitulée CRISPR-Cas9, des "ciseaux moléculaires" qui permettent de couper, remplacer, inactiver, modifier le gène que l’on cherche à atteindre.
Angiœdème héréditaire : les ciseaux génétiques CRISPR-Cas9 bloquent les crises
L’étude pilote, publiée dans The New England Journal of Medicine, a été menée sur dix patients atteints d’angiœdème héréditaire, originaires du Royaume-Uni, de Nouvelle-Zélande et des Pays-Bas. Chacun a reçu un traitement utilisant CRISPR-Cas9, à savoir une perfusion unique de 25, 50 ou 75 mg de la thérapie par édition de gène. Le traitement, qui ciblait les cellules du foie, visait à réduire la capacité du gène KLKB1 à synthétiser la protéine kallikréine plasmatique, afin de limiter la libération de bradykinine, qui est à l’origine de l’angiœdème. Aucun effet indésirable grave n'a été enregistré chez les participants pendant les 16 semaines d’observation.
Résultat, l’unique dose de thérapie génique a suffi pour placer la quasi-totalité des malades en rémission, les affranchissant ainsi d’un traitement à vie. Seul un patient a continué à avoir des symptômes, et ils étaient mineurs. Entre le début et la fin de l’étude, les chercheurs ont constaté une réduction moyenne du taux total de kallikréine plasmatique de 67 % dans le groupe ayant reçu une dose de 25 mg, de 84 % dans le groupe à 50 mg et de 95 % dans le groupe à 75 mg. De même, le nombre moyen de crises d’angiœdème par mois a diminué respectivement de 91 %, 97 % et 80 %.
Thérapie génique : un espoir pour les nombreux patients atteints de maladies génétiques
Ce n’est pas la première maladie génétique que la technique des ciseaux moléculaires permet de soigner en laboratoire. En 2021, une seule injection d’un traitement basé sur CRISPR-Cas9 avait montré des résultats très prometteurs pour les patients souffrant d’amyloïdose à transthyrétine, une maladie chronique liée à une mutation génétique qui provoque des symptômes variés comme les troubles gastro-intestinaux, une perte de sensibilité ou des difficultés à se déplacer.
De nombreux essais cliniques utilisant l'édition de gènes basée sur CRISPR-Cas9 sont actuellement en cours pour cibler d’autres maladies génétiques, suscitant l’espoir pour de nombreux patients qui subissent des traitements inefficaces et des procédures souvent invasives.