Un nouvel espoir dans le combat contre le sida : quatre enfants nés avec le VIH ont vécu sans l’ombre du virus plus d’un an après avoir arrêté leur traitement antirétroviral. Ils faisaient partie d’une cohorte de nouveau-nés qui avaient reçu un traitement précoce au cours des premiers jours de leur vie, et non après plusieurs semaines ou quelques mois, comme c’est le cas habituellement.
C’est le résultat prometteur d’une récente étude publiée dans la revue Lancet HIV et présentée cette semaine lors de la 31e Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI), aux Etats-Unis.
VIH : quatre enfants sur six ont montré une rémission pendant plus d’un an
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs du John Hopkins Children’s Center ont réalisé des essais cliniques dans différents centres de recherche situés dans 11 pays. Leur objectif était de reproduire le cas du "bébé du Mississippi" de 2013, le premier cas documenté de rémission du VIH chez un enfant né avec le virus qui avait reçu un médicament anti-VIH à l’âge de seulement 30 heures. La fillette, apparemment guérie pendant quelques années, avait finalement de nouveau été testée positive 4 ans plus tard.
Les résultats de cette nouvelle étude, menée sur 54 bébés ayant contracté le VIH dans l’utérus et reçu un traitement antirétroviral dans les 48 heures suivant leur naissance, ont montré que les bébés – qui demeuraient sous traitement – présentaient "des niveaux indétectables de VIH dans le sang jusqu’à l’âge de 2 ans", peut-on lire dans un communiqué.
Dans la dernière phase de la recherche, six des enfants, alors âgés d’environ 5 ans, ont arrêté leur traitement, tout en étant étroitement surveillés cliniquement par les chercheurs. Or, quatre des enfants ont subi une rémission (définie par des niveaux de VIH indétectables pendant au moins 48 semaines) qui a duré entre 48 et 80 semaines selon les profils. À noter que les deux autres enfants de l'étude n'ont pas été considérés en rémission, car leur virus est très vite redevenu détectable (3 et 8 semaines), mais avec "un syndrome rétroviral aigu léger", à savoir "des symptômes pseudo-grippaux".
Traiter précocement les enfants nés avec le VIH, sans médicaments à vie
Certes, tous les enfants de l'étude ont donc finalement vu leur VIH revenir. Mais le fait que certains d'entre eux n'aient pas eu de virus détectable pendant plus d'un an, et ce, sans prendre de traitement antirétroviral, signifie qu'il pourrait être un jour possible de traiter précocement les bébés nés avec le VIH plutôt que de leur faire prendre un médicament à vie.
"C'est la première fois que nous sommes en mesure de recréer avec succès le cas du bébé du Mississippi, et chez quatre enfants, explique la médecin Deborah Persaud, qui a dirigé les travaux. Ces résultats sont une première étape importante pour comprendre comment réduire les réservoirs du VIH chez les enfants vivant avec le virus et aboutir à une rémission et une guérison sans traitement antirétroviral. Cela pourrait changer le paradigme de traitement de cette infection qui touche actuellement 1,7 million d'enfants dans le monde."