S'il y a bien un lieu où la règle des « 5 fruits et légumes par jour » n'est pas respectée, c'est bien dans les films pour enfants. Le docteur Eliana Perrin, professeur de pédiatrie associée à l'Ecole de Médecine de l'Université de Caroline du Nord, a mené une étude publiée dans la revue Obesity qui examine les films pour enfants sortis aux Etats-Unis entre 2006 et 2010. Elle a plus particulièrement cherché dans ses films les messages concernant l'obésité et la prévalence de la stigmatisation du poids.
Kung Fu Panda, Alvin et les chipmunks, Shrek, mais aussi Cars, WALL-E et Harry Potter, et quatorze autres films pour enfants ont été analysés à la loupe. « Ces films pour enfants offrent une présentation discordante à propos de la nourriture, de l'exercice et du poids, en rendant glamour des comportements sédentaires et des habitudes alimentaires néfastes tout en condamnant l'obésité elle-même », résume la spécialiste.
Pourtant, l'Académie américaine de pédiatrie (American Academy of Pediatrics) rappelle que les enfants d'aujourd'hui ont une plus courte espérance de vie que leurs parents, du fait de la menace de l'obésité. Surtout si les mauvais comportements alimentaires sont représentés dans les films pour enfants, ce qui a tendance à renforcer leur caractère normal.
Illustration, dans le panel des 20 films les plus populaires chez les enfants américains, le Dr Eliana Perrin remarque que les parties exposant un comportement « malsain » sont deux fois plus nombreux que ceux représentant un comportement « sain » et que la majorité des films (70%) propose des contenus stigmatisant le poids d'un des personnages. La nourriture est d'ailleurs particulièrement mal représentée : dans 26 % des films, on peut voir des portions exagérément trop grandes, dans 51 % des cas, les personnages principaux se restaurent avec des « snacks » de type « junk-foods » (barres chocolatées, chips etc.) ou boivent une boisson sucrée, dans 19 % des films.
Quant au comportement, 40 % des films ont mis en scène les personnages devant la télévision, 35 % devant un ordinateur et 20 % sur un jeu vidéo. Au total, il y a deux fois plus de séquences avec un contenu obésogène que de séquences saines.
L'abondance de snacks trop gras et trop sucrés, la popularité des boissons sucrées, auxquelles s'ajoute les portions disproportionnées et la raréfaction des repas en famille au profit du fast-food ont des conséquences néfastes pour la santé alimentaire des plus jeunes.