“C’est en effet une mauvaise nouvelle. C’est un chiffre énorme, un chiffre plus élevé que jamais”, a déclaré Claudia Coppa, auteure principale du rapport de l’UNICEF publié à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Selon leurs données, plus de 230 millions de femmes seraient aujourd’hui victimes de mutilations génitales féminines, soit une hausse de 15 % en huit ans.
Mutilations sexuelles féminines : “une violation des droits des jeunes filles et des femmes”
“Les mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales”, précise l’Organisation mondiale de la Santé. Ces mutilations sont considérées internationalement comme “une violation des droits des jeunes filles et des femmes”. Dans la majeure partie des cas, elles sont réalisées sur des mineures et constituent donc une violation des droits des enfants également.
Non seulement ces mutilations sexuelles féminines n’apportent aucun avantage pour la santé, mais elles sont très préjudiciables pour la vie des jeunes filles et femmes avec de nombreuses complications, au niveau immédiat (douleur atroce, hémorragie, fièvre, infection bactérienne, troubles urinaires, choc, décès) et à long terme (problèmes vaginaux, menstruels, urinaires, sexuels, et psychologiques ; risques accrus de complications pendant l’accouchement et de décès du nouveau-né, etc).
Quatre catégories existent pour regrouper ces pratiques barbares :
- le type 1 : “ablation partielle ou totale du gland clitoridien (petite partie externe et visible du clitoris et partie sensible des organes génitaux féminins) et/ou du prépuce/capuchon clitoridien (repli de peau qui entoure le clitoris)” ;
- le type 2 : “ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des petites lèvres (replis internes de la vulve), avec ou sans excision des grandes lèvres (replis cutanés externes de la vulve)” ;
- le type 3 : “l'infibulation: rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites lèvres, ou les grandes lèvres, parfois par suture, avec ou sans ablation du prépuce/capuchon et gland clitoridiens (type 1)” ;
- le type 4 : “toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux”.
Dans quels pays trouve-t-on le plus de femmes avec des mutilations génitales ?
D’après le rapport de l’UNICEF qui a mené une enquête auprès de 31 pays où cette pratique est courante, plus de 144 millions des survivantes de mutilations sexuelles féminines se trouvent en Afrique, 80 millions en Asie et 6 millions au Moyen-Orient. L’organisation explique que la hausse de 15 % s’explique en partie par l’augmentation globale de la population et souligne qu’il y a eu des progrès dans la réduction de sa prévalence dans certains endroits. C’est par exemple le cas en Sierra Leone, où le pourcentage de filles âgées de 15 à 19 ans ayant subi une mutilation génitale est tombé de 95 % à 61 % en 30 ans. L’Éthiopie, le Burkina Faso et le Kenya ont également enregistré de fortes baisses. A contrario, d’autres pays sont encore très à la traîne, comme la Somalie, où 99 % entre 15 et 49 ans ont subi une mutilation génitale, ainsi que 95 % en Guinée, 90 % à Djibouti et 89 % au Mali.
La directrice de l’UNICEF met également en exergue une “tendance inquiétante selon laquelle davantage de filles sont soumises à cette pratique à un plus jeune âge, souvent avant leur cinquième anniversaire. Cela réduit encore davantage les délais d'intervention. Nous devons renforcer les efforts visant à mettre fin à cette pratique néfaste.”
Excision, infibulation : “une manière de contrôler la sexualité des filles”
Pour éradiquer cette pratique d’ici 2030, comme le préconise l'Agenda pour le développement durable des Nations Unies, les progrès devraient être multipliés par 27. “Les mutilations génitales féminines existent depuis des siècles. Il faut donc du temps pour changer les normes sociales et les pratiques liées à cette norme”, a déclaré Claudia Coppa. “Dans certaines sociétés, par exemple, cela est considéré comme un rite de passage nécessaire, dans d'autres contextes, c'est une manière de préserver, par exemple, la chasteté des filles. C'est une manière de contrôler la sexualité des filles.”