- D’après une récente étude, l'humeur est modulée par le rythme circadien et l'augmentation du temps d'éveil la détériore.
- La courbe de l’humeur déclarée par les participants atteignait son score le plus faible vers 5 heures du matin et le plus élevé vers 17 heures.
- Les chercheurs ont précisé que les travaux n'ont porté que sur un modèle généralisé de l'humeur des internes en médecine.
Il nous est déjà tous arrivé de nous lever du mauvais bord du lit. Alors que la journée n’a pas encore commencé, elle s’annonce mal, car le bruit généré par les travaux est trop fort, la quantité d'eau chaude sous la douche n’est pas suffisante ou encore notre café a taché notre chemise propre et soigneusement repassée. Mais comment expliquer que l’on soit de mauvaise humeur dès notre lever ? Des scientifiques des universités du Michigan et de Dartmouth Health (États-Unis) se sont penchés sur ce phénomène.
Une hausse du temps d'éveil détériore l'humeur
"L'interaction entre les rythmes circadiens, le temps de veille et l'humeur reste mal comprise dans le monde réel. Les personnes exerçant des professions très stressantes avec des horaires irréguliers ou travaillant de nuit sont particulièrement vulnérables à la dépression et à d'autres troubles de l'humeur. Les progrès de la technologie portable ont permis d'étudier ces interactions en dehors d'un environnement de laboratoire contrôlé", ont-ils écrit dans une étude publiée dans la revue PLOS Digital Health.
Dans le cadre de ces travaux, l’équipe a suivi 2.602 internes en médecine (de première année), pendant deux ans, pour examiner comment leur humeur quotidienne change en fonction de leur horloge interne et de leur cycle veille/sommeil. À l’aide de montres connectées, leur fréquence cardiaque continue, leur nombre de pas, les données relatives au sommeil et les scores d'humeur quotidiens ont été mesurés. Les chercheurs ont aussi estimé l'heure circadienne et le temps d'éveil à partir des mesures de la fréquence cardiaque et des mouvements effectuées minute par minute. Selon les auteurs, l'humeur a été modulée par le rythme circadien. En outre, l'augmentation du temps d'éveil détériore l'humeur.
L’humeur atteint son maximum à 17 heures et son minimum à 5 heures du matin
Dans un deuxième temps, les scientifiques ont établi une courbe de l'humeur des participants en fonction de leur phase circadienne et de leur temps d'éveil. Les résultats ont montré que l'humeur atteignait son maximum à 17 heures et son minimum à 5 heures du matin. "L'humeur suit naturellement un cycle avec un faible score le matin et un score élevé le soir, indépendamment du manque de sommeil. La privation de sommeil est un processus distinct qui diminue encore l'humeur. Ainsi, une personne éveillée toute la nuit devrait avoir une humeur encore plus basse que si elle s'était réveillée à 5 heures du matin", a précisé Benjamin Shapiro, auteur principal des recherches.
L’équipe a spécifié que leur étude n'a porté que sur un modèle généralisé de l'humeur des internes et que les variations individuelles de l'humeur sont plus complexes et dépendent de facteurs tels que la dynamique sociale, les horaires et les tempéraments. En outre, un nombre minime de volontaires sont restés éveillés plus de 18 heures au cours d'une journée. De plus, les auteurs n'ont pas utilisé d'échelles d'évaluation émotionnelle validées telles que l'échelle de dépression, d'anxiété et de stress, ni d'outils de dépistage clinique.