- Plus d’un million de cas de dengue ont été signalés au Brésil au cours des deux premiers mois de l’année, soit une augmentation de 226 % par rapport à la même période en 2023.
- Les autorités ont décidé de relâcher dans la nature des moustiques infectés par la bactérie Wolbachia, qui a la faculté d’empêcher la transmission des virus responsables de maladies tropicales comme la dengue. Ces moustiques mâles, porteurs d’un gène mortel pour leur descendance femelle, sont ainsi conçus pour réduire la population de moustiques Aedes aegypti, vecteurs de la maladie aux humains.
- Cette stratégie permettrait de réduire jusqu’à 90 % la population de moustiques dans les zones traitées. C’est en mars 2023 que le Brésil, en partenariat avec le Programme mondial contre les moustiques (WMP), avait annoncé le lancement d’un élevage de 5 milliards d’œufs de moustiques par an destinés à ce projet un peu fou, à un rythme pouvant atteindre 100 millions par semaine.
Combattre le moustique par... le moustique. Alors que le Brésil est actuellement frappé par une épidémie de dengue historique, les autorités du pays ont décidé de déployer les grands moyens pour tenter d’enrayer la propagation de la maladie virale : l’introduction de milliards de moustiques génétiquement modifiés.
Fortes fièvres, maux de tête, nausées, éruptions cutanées... Plus d’un million de cas de dengue ont été signalés au cours des deux premiers mois de l’année, soit une augmentation de 226 % par rapport à la même période en 2023. Une menace qui a poussé une centaine de villes, dont la capitale Brasilia et Rio de Janeiro, à déclarer l’état d’urgence sanitaire.
Des moustiques porteurs d’un gène mortel pour leur descendance femelle
Début mars, en réponse à cette crise, les autorités ont décidé de relâcher dans la nature des moustiques au préalable infectés par une bactérie du genre Wolbachia, qui a la faculté d’empêcher la transmission des virus responsables de maladies tropicales comme la dengue, le chikungunya, le Zika et la fièvre jaune. Ces moustiques mâles, porteurs d’un gène mortel pour leur descendance femelle, sont ainsi conçus pour réduire la population de moustiques Aedes aegypti, vecteurs de la maladie aux humains.
Le principe est simple : le nombre de moustiques infectés doit augmenter au fur et à mesure qu’ils se reproduisent avec des moustiques sauvages et les contaminent avec Wolbachia. Leur progéniture présentera ensuite un risque infime de transmettre les virus responsables des maladies. Sans compter que "la bactérie réduit drastiquement le nombre de moustiques capables de transmettre ce genre de virus" car, lorsqu’un mâle infecté s’accouple avec une femelle saine, celle-ci devient stérile, souligne un expert à Outre-Mer La Première (Guyane). Cette stratégie, déjà testée aux Etats-Unis en 2021, permettrait de réduire jusqu’à 90 % la population de moustiques dans les zones traitées.
5 milliards d’œufs de moustiques génétiquement modifiés par an
C’est en mars 2023 que le Brésil, en partenariat avec le Programme mondial contre les moustiques (WMP), avait annoncé le lancement d’un élevage de 5 milliards d’œufs de moustiques par an destinés à ce projet un peu fou, à un rythme pouvant atteindre 100 millions par semaine. D’après un communiqué du WMP publié il y a près d’un an, "la technologie Wolbachia a déjà été introduite dans 12 pays", dont le Brésil, l’Australie ou encore la France (en Nouvelle-Calédonie), "protégeant près de 11 millions de personnes à ce jour".
Comme évoqué par Futura Sciences, certains experts se disent toutefois préoccupés par "le potentiel impact sur l’écosystème" et "craignent que les moustiques génétiquement modifiés puissent survivre et se reproduire dans la nature, créant une population encore plus robuste". De même, quid des futures répercussions sur la chaîne alimentaire, alors que les moustiques sont une source de nourriture pour un certain nombre d’animaux ? En attendant, il n’existe aucun danger pour les personnes, selon les autorités.