- Les chercheurs ont analysé 1,2 million de cellules cérébrales provenant de 94 personnes atteintes de schizophrénie et de 97 non-schizophrènes.
- Ils ont découvert que des changements génétiques synchronisés dans deux types de cellules cérébrales peuvent être à l’origine d’un déficit cognitif chez les schizophrènes et les personnes âgées.
- Cette découverte pourrait ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques.
Les personnes âgées et les schizophrènes auraient plus en commun qu’on ne le pense. Des chercheurs du Stanley Center for Psychiatric Research, de l’université d’Harvard, de la Harvard Medical School et de l'hôpital McLean ont découvert que ces deux populations présentaient des changements génétiques étroitement synchronisés dans deux types de cellules cérébrales. Ceux-ci pourraient être à l’origine du déficit cognitif observé chez ces individus.
Leurs travaux ont été publiés, le 6 mars 2024, dans la revue Nature.
Schizophrénie et vieillissement : des changements génétiques étroitement synchronisés
Les chercheurs ont analysé l'expression des gènes dans plus d'un million de cellules provenant de tissus cérébraux prélevés sur 191 personnes décédées. Dans les échantillons provenant d’individus âgés ou souffrant de schizophrénie, l’équipe a remarqué que deux types de cellules cérébrales, les astrocytes et les neurones, réduisaient l'expression de gènes qui soutiennent les jonctions entre les synapses. Ce phénomène n’était pas observé chez les personnes plus jeunes ou sans trouble psychique.
Autre découverte : des changements dans l'activité des gènes étroitement synchronisés ont été observés dans les deux types de cellules : lorsque les neurones diminuaient l’expression de certains gènes liés aux synapses, les astrocytes modifiaient de la même manière celle de gènes qui soutiennent les synapses. L’équipe a appelé ces modifications coordonnées : Synaptic Neuron and Astrocyte Program (SNAP).
"La science sait depuis longtemps que les neurones et les synapses jouent un rôle important dans le risque de schizophrénie, mais en formulant la question d'une manière différente – en demandant quels gènes chaque type de cellule régule dynamiquement – nous avons découvert que les astrocytes sont également probablement impliqués", explique Emi Ling, première auteure de l’étude dans un communiqué.
Une découverte qui pourrait ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques
"La science se concentre souvent sur les gènes que chaque type de cellule exprime de manière indépendante, ajoute Steve McCarroll, co-auteur principal. Mais les tissus cérébraux de nombreuses personnes et les analyses de ces données grâce à une intelligence artificielle nous ont aidés à voir un système plus vaste. Ces types de cellules n’agissent pas comme des entités indépendantes, ils ont une coordination très étroite. La force de ces relations nous a coupé le souffle."
Pour les chercheurs, leur étude pourrait aider à identifier les facteurs qui influencent positivement le SNAP et ainsi à développer des médicaments pour traiter les déficiences cognitives liées à la schizophrénie ou le vieillissement.
L’équipe poursuit ses travaux afin de comprendre si ces changements génétiques dans les deux cellules cérébrales sont présents dans d'autres pathologies telles que le trouble bipolaire et la dépression. Les scientifiques voudraient également vérifier comment le SNAP affecte l’apprentissage et la flexibilité cognitive.