Comment mémorisons-nous le mieux ? Une équipe de psychologues de l’Université Temple et de l’Université de Pittsburgh, aux Etats-Unis, vient d’apporter un éclairage inédit sur la manière dont nous apprenons les choses et dont nous nous souvenons de nos expériences du monde réel. Spoiler : cela dépend simplement de ce dont nous essayons de nous rappeler, d’après leur étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Apprentissage : un effet d’espacement qui améliore la mémorisation
"De nombreux travaux antérieurs ont montré que l'apprentissage et la mémoire bénéficient de l'espacement des sessions d’étude, expliquent les chercheurs dans un communiqué. Par exemple, si vous potassez la veille d'un test, vous vous souviendrez sûrement de l'information pour le lendemain, mais vous l'oublierez probablement les jours d’après. En revanche, si vous étudiez pendant plusieurs jours d’affilée avant l’examen, vous serez plus susceptible de vous en rappeler pendant une longue période."
Si cet "effet d’espacement" a fait ses preuves en théorie, lorsque la matière de ce qu’on apprend se répète à chaque fois à l’identique, cela ne se traduit pas toujours dans la vie réelle, lorsque certains critères de nos expériences sont susceptibles de changer. Imaginez par exemple que vous allez à maintes reprises dans un café de votre quartier : de nombreuses caractéristiques vont rester, mais un élément (comme un nouveau serveur) peut varier et altérer ainsi vos souvenirs.
La mémoire est affectée par ce qui est appris et par le moment où c’est appris
Comment l’effet d’espacement fonctionne-t-il à la lumière d’une telle variation entre les expériences ? Pour en avoir le cœur net, les chercheurs ont soumis une cohorte de participants à deux expériences pour tester leur mémoire. A différents moments d’une journée de 24 heures (expérience 1) ou durant une unique session de travail (expérience 2), les volontaires devaient apprendre soit des paires d’éléments et de scènes identiques à chaque répétition, soit des paires d’éléments identiques et de scènes distinctes.
Les chercheurs ont ainsi pu examiner les effets d’espacement sur une échelle de temps longue – des heures ou des jours (expérience 1) – ou courte – des secondes ou des minutes (expérience 2). L’objectif : déterminer comment la mémoire est affectée à la fois par ce qui est appris (qu’il s’agisse d’une répétition exacte ou qu’il y ait des variations) et par le moment où c’est appris. Une manière pour les chercheurs de recréer nos expériences de répétition du monde réel, où certains aspects restent mais d’autres différent.
La mémoire est meilleure pour les éléments associés à des scènes différentes
Résultat, les chercheurs ont non seulement observé que "l'apprentissage espacé bénéficiait à la mémoire des éléments", mais également que "la mémoire était meilleure pour les éléments qui avaient été associés à des scènes différentes par rapport à ceux montrés avec la même scène à chaque fois". Par exemple, si vous voulez vous souvenir du nom d'une nouvelle personne, répéter son nom mais en l'associant à des informations différentes sur la personne peut être efficace.
"En revanche, nous avons constaté que pour la mémoire associative – la mémoire concernant l’élément et la scène à laquelle il était associé – bénéficiait de la stabilité. L'espacement n'a profité à la mémoire que pour les paires qui ont été répétées exactement, et seulement s'il y avait des écarts assez longs (des heures ou des jours) entre les sessions d'étude. Par exemple, si vous essayez de vous souvenir du nom de la nouvelle personne et de quelque chose à son sujet, comme sa nourriture préférée, mieux vaut répéter ce jumelage nom-nourriture à plusieurs reprises, en espaçant chaque répétition."