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Santé mentale

Trouble "borderline" : identification du mécanisme cérébral

Par Marie Martin

Une zone du cerveau, appelée préfrontal rostro-médial, ne fonctionne pas de la même façon chez les patients atteints du trouble de la personnalité limite, dit borderline. 

peterschreiber.media/ISTOCK
Les personnes souffrant de trouble borderline manifestent une forte instabilité et une hypersensibilité dans les relations sociales.
Des chercheurs ont identifié une zone du cerveau qui réagit différemment chez ces patients.
Cette découverte pourrait permettre d'améliorer la prise en charge de ce trouble.

Le trouble de la personnalité limite, borderline en anglais, se caractérise par une forte instabilité ainsi qu'une hypersensibilité dans les relations avec autrui. Dans des situations de rejet ou d’exclusion sociale, les personnes concernées ressentent une grande détresse. Cependant, les scientifiques ont des difficultés à comprendre la manifestation de ce symptôme dans le cerveau. Dans Biological Psychiatry : Cognitive Neuroscience and Neuroimaging, des chercheurs indiquent avoir identifié une zone cérébrale réagissant de manière différente chez les personnes atteintes du trouble : le préfrontal rostro-médial.

Les personnes borderline réagissent différemment au rejet social

Ces scientifiques du City College de New York, de l'Université de Columbia et du New York State Psychiatric Institute ont recruté 23 femmes atteintes du trouble de la personnalité limite et 22 femmes non-atteintes pour former le groupe témoin. Différentes imageries du cerveau ont été faites, tandis que les participantes devaient évaluer le niveau de rejet qu'elles ressentaient face à différentes situations. "Le cerveau réagit au rejet en créant une activité préfrontale rostro-médiale, comme s'il y avait quelque chose de ‘mauvais‘ dans l’environnement, expliquent les auteurs. Cette activité cérébrale peut lancer une tentative pour tenter de rétablir et de maintenir des liens sociaux étroits pour survivre et prospérer." Ils ont également précisé que cette région du cerveau est activée lorsque les personnes tentent de comprendre le comportement des autres en fonction de leur état mental et émotionnel. Cependant, chez les patients atteints du trouble de la personnalité limite, aucune activité ne se produit dans le cortex préfrontal rostro-médial lorsqu'ils sont rejetés.

Améliorer la prise en charge du trouble borderline

"L'inactivité du cortex préfrontal rostro-médial pendant le rejet peut expliquer pourquoi les personnes atteintes de trouble borderline sont plus sensibles et plus affligées par le rejet, pense Eric A. Fertuck, auteur principal de ces travaux. Comprendre pourquoi les personnes atteintes de ce trouble éprouvent une détresse émotionnelle au rejet va nous aider à développer des thérapies plus ciblées." 

Pour le moment, la prise en charge des personnes borderline se fait par le biais d'une psychothérapie et la prise de différents médicaments, notamment des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine qui sont également utilisés pour les personnes souffrant de dépression.

Le scientifique et son équipe continuent de mener des essais afin de comprendre le rôle du rejet social dans différents troubles de la santé mentale tels que le stress post-traumatique, la dépression ou encore l'anxiété sociale.