- Des chercheurs ont découvert que la protéine appelée GluK2 aide à percevoir le froid.
- Cette découverte permet de mieux comprendre les mécanismes de la perception du froid en hiver, et pourquoi certaines personnes le ressentent différemment.
- L'étude apporte une cible thérapeutique potentielle pour traiter les douleurs liées au froid.
Vous avez la chair de poule et vous grelottez ? Votre capacité de ressentir le froid par temps peu clément, serait du fait d’une protéine baptisée GluK2 (abréviation de Glutamate ionotropique récepteur type kainate sous-unité 2), selon des chercheurs de l'Université du Michigan.
Cette découverte qui aide à mieux comprendre comment le froid est perçu par l’organisme, a fait l’objet d’un article dans la revue Nature Neuroscience le 11 mars 2024.
Sensation de froid : la clé est dans la protéine GluK2
Une étude de 2019 avait mis en évidence l'existence d’une protéine appelée GluK2 associée à la sensation de froid chez le ver Caenorhabditis elegans que les scientifiques étudient pour comprendre les réponses sensorielles. Or, le gène qui code cette protéine chez l’animal, est aussi présent dans d’autres espèces comme les souris et les humains. Cette découverte a donné l’idée à l’équipe de l'Université du Michigan de vérifier son rôle chez les mammifères.
Elle a ainsi observé des souris dépourvues du gène GluK2 et ne pouvant donc pas produire la protéine du même nom. Grâce à une série d'expériences visant à tester les réactions comportementales des rongeurs à la température, les scientifiques ont mis en évidence qu’ils réagissaient normalement aux températures chaudes, tièdes et fraîches, mais pas à celles du froid nocif. Ils en déduisent que la protéine GluK2 a bien un rôle dans la perception du froid.
Sensation de froid : des implications pour la santé et le bien-être
La protéine GluK2 se trouve principalement sur les neurones du cerveau. Elle y reçoit des signaux chimiques pour faciliter la communication entre les neurones. Mais ces travaux confirment qu’elle est également présente dans les neurones sensoriels du système nerveux périphérique, en dehors du cerveau et de la moelle épinière. "Nous savons maintenant que cette protéine remplit une fonction totalement différente dans le système nerveux périphérique, en traitant les signaux de température au lieu des signaux chimiques pour détecter le froid", commente Bo Duan, co-auteur de l’étude dans un communiqué.
Pour le neuroscientifique Shawn Xu, auteur principal de la recherche, les travaux permettent de comprendre le mécanisme de la détection de la température et pourraient aussi aider à améliorer la prise en charge des personnes ayant des troubles sensoriels. "Cette découverte de GluK2 en tant que capteur de froid chez les mammifères ouvre de nouvelles voies pour mieux comprendre pourquoi les humains ont des réactions douloureuses au froid, et offre même peut-être une cible thérapeutique potentielle pour traiter cette douleur chez les patients dont la sensation de froid est surstimulée", comme les patients traités par chimiothérapie qui ont des réactions douloureuses au froid.