- De plus en plus de cas d’infections par un streptocoque sont enregistrés au Japon.
- Causée par une bactérie, elle peut engendrer des symptômes légers, comme les maux de gorge ou beaucoup plus graves : 30 % des cas sont mortels.
- La levée des restrictions liées à la Covid-19 pourrait avoir provoqué cette hausse des cas.
Une bactérie se propage au Japon. Le streptocoque A engendre de nombreuses infections dans le pays. Selon les autorités sanitaires, l’année 2023 avait établi un record, qui devrait être dépassé en 2024. Le National Institute of Infectious Diseases (NIID), l’organisme japonais en charge notamment des statistiques sur la santé, a comptabilisé 941 cas de syndrome de choc toxique streptococcique en 2023. 378 cas ont déjà été enregistrés entre janvier et février 2024.
Infection streptococcique : de quoi s’agit-il ?
Le terme de syndrome de choc toxique streptococcique désigne la forme grave de l’infection, dont le taux de mortalité est d’environ 30 %. Dans de nombreux cas, l’infection génère des symptômes proches de ceux d’un rhume, mais parfois, elle peut déboucher sur une angine streptococcique, une amygdalite, une pneumonie et une méningite. Les autorités sanitaires ne parviennent pas à comprendre pourquoi ces formes se multiplient dans le pays. "Il existe encore de nombreux facteurs inconnus concernant les mécanismes derrière les formes fulminantes (graves et soudaines) de streptocoque, et nous ne sommes pas au stade où nous pouvons les expliquer", prévient le NIID dans The Guardian.
La levée des restrictions liées à la Covid-19 peut-elle expliquer la hausse des cas ?
Mais une piste se dessine. Pour plusieurs scientifiques, la levée des restrictions liées à la Covid-19 a pu contribuer à cette augmentation des cas. Dans The Guardian, Ken Kikuchi, professeur de maladies infectieuses à l'Université de médecine de Tokyo, confie être "très préoccupé" par cette hausse et estime que la reclassification du Covid-19 a été le facteur le plus important ayant contribué à cette augmentation. En mai 2023, le gouvernement japonais a rétrogradé la maladie au niveau 5 de la classification nationale, au même stade que la grippe saisonnière. "Cela a conduit plus de gens à abandonner les mesures de base pour prévenir les infections, telles que la désinfection régulière des mains", estime-t-il.
Faut-il craindre une situation similaire en France ?
Le Japon n’est pas le seul pays à observer une hausse des cas d’infections streptococciques. Selon l’Institut Pasteur, il y a une "recrudescence réelle des infections invasives à streptocoques A dans les pays industrialisés et notamment en Europe". En France, l’Institut estime que cette augmentation a démarré dans les années 2000. Depuis, le taux d’incidence est passé de 1,2 à 3,3 cas pour 100.000 habitants. Pour autant, les scientifiques semblent rassurants. Dans un article paru dans The Conversation, John McCormick et Juan Manuel Diaz, deux chercheurs canadiens, rappellent que ces infections graves sont rares. Ils recommandent de maintenir des mesures d’hygiène simples : lavage de mains, se couvrir lorsqu’on tousse, rester à la maison en cas de maladie. En cas de doute sur une potentielle infection à streptocoque, il faut consulter son médecin traitant, qui pourra vérifier à l’aide d’un test de dépistage rapide.