- Consommer des aliments gras quelques jours avant une intervention chirurgicale provoquerait une réponse inflammatoire dans le cerveau.
- Cela peut avoir des effets négatifs sur la mémoire.
- La prise de compléments alimentaires à base d’oméga-3 pourrait limiter les risques.
Manger trop gras est déconseillé de manière générale : cela augmente le risque de surpoids, de diabète et de maladie associée. Pendant certaines périodes, il est particulièrement important d’éviter ce type d’alimentation. D’après une étude parue dans la revue Brain, Behavior, and Immunity, une alimentation riche en graisses quelques jours avant une opération peut déclencher une inflammation cérébrale. Celle-ci peut affecter les fonctions cognitives, dont la mémoire.
Régime riche en graisses : une aggravation de l’inflammation après une opération
"Nous avons montré qu'une alimentation malsaine, même à court terme, surtout lorsqu'elle est consommée à proximité d'une intervention chirurgicale, qui en elle-même provoquera une réponse inflammatoire, peut avoir des conséquences néfastes, développe Ruth Barrientos, autrice principale de cette étude. Le régime riche en graisses à lui seul peut augmenter un peu l'inflammation dans le cerveau, mais si vous subissez ensuite une intervention chirurgicale qui a le même effet, vous obtenez une réponse synergique qui peut ensuite conduire à un problème de mémoire à plus long terme." La scientifique et ses collègues sont parvenus à cette conclusion après avoir mené une étude sur des rats.
Une étude sur les rats pour comprendre les effets d’une alimentation grasse avant une opération chirurgicale
Pendant trois jours, les chercheurs ont nourri des rats jeunes, adultes, et âgés avec un régime riche en graisses saturées. Ensuite, les animaux de laboratoire ont subi une procédure similaire à une chirurgie abdominale exploratoire : des études précédentes ont montré que cet acte peut entraîner des problèmes cognitifs pendant une semaine dans un cerveau âgé.
Pour les rats âgés de cette étude, la combinaison d'un régime riche en graisses et d'une intervention chirurgicale a entraîné des problèmes de mémoire contextuelle et de mémoire de peur, liée à l’amygdale, qui ont persisté pendant au moins deux semaines. Les auteurs ont réussi à identifier un récepteur du système immunitaire, appelé TLR4, responsable des réactions inflammatoires cérébrales et des troubles de la mémoire, liés à l’opération et à l’alimentation.
"Ce que cela nous dit chez les animaux âgés, ainsi que le fait que nous constatons la même déficience chez les jeunes animaux après un régime riche en graisses et une intervention chirurgicale, c’est que la mémoire de la peur est particulièrement vulnérable aux effets du régime. Et nous ne savons pas pourquoi, prévient Ruth Barrientos. Nous espérons comprendre à l'avenir la vulnérabilité de l'amygdale à ces problèmes d'alimentation malsaine."
Opération chirurgicale : les oméga-3 préviennent les effets néfastes sur le cerveau
Mais la scientifique et son équipe ont déjà réussi à identifier une manière de prévenir ces effets sur l’inflammation. En bloquant la voie de signalisation de TLR4, grâce à une supplémentation en oméga-3, il est possible d’empêcher la réaction neuro-immunitaire et d’éviter les troubles de la mémoire. Les auteurs ont observé que la prise d'un complément alimentaire d'acides gras oméga-3 DHA pendant un mois avant une alimentation déséquilibrée et une intervention chirurgicale prévenait les effets sur la mémoire liés à la fois à l'hyper-alimentation et à l'intervention chirurgicale. Le DHA est notamment présent dans le poisson et les fruits de mer. "C'est incroyable, se réjouit Ruth Barrientos. Cela suggère vraiment que cela pourrait être un prétraitement potentiel, surtout si les gens savent qu'ils vont subir une intervention chirurgicale et que leur alimentation est malsaine."